Hausse des salaires des enseignants: comment le gouvernement entend financer l’accord du 10 décembre

De g. à dr.: Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget, Chakib Benmoussa, ministre de l'Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, Aziz Akhannouch, chef du gouvernement et Younès Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, lors de la cérémonie de signature de l'accord entre le gouvernement et les syndicats de l'enseignement, le 10 décembre 2023 à Rabat.

Alors que le gouvernement a déjà bouclé l’adoption du projet de loi de finances 2024, des interrogations persistent encore sur le financement des mesures prévues par l’accord signé, dimanche, entre l’exécutif et les syndicats des enseignants, lequel prévoit une hausse généralisée des salaires des fonctionnaires de l’Éducation nationale, toutes catégories confondues.

Le 11/12/2023 à 13h25

Les déclarations du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch et du ministre de tutelle, Chakib Benmoussa, dimanche 10 décembre, lors de la cérémonie de signature de l’accord avec les syndicats des enseignants, ne fournissent aucun détail sur le coût de l’opération ni encore sur le mode de financement des différentes mesures prévues par ledit accord.

Outre le règlement d’un certain nombre de dossiers catégoriels en suspens, l’accord prévoit une hausse nette mensuelle des salaires de 1500 dirhams en deux tranches, dont la première sera appliquée à partir du 1er janvier 2024. La seconde tranche est prévue pour janvier 2025.

Sachant que le projet de loi de finances 2024 a été définitivement adopté jeudi dernier par les deux chambres du parlement, la question reste posée de savoir comment le gouvernement compte financer cet accord qui, selon les estimations recueillies auprès des syndicats, devrait coûter chaque année un budget additionnel de 10 milliards de dirhams.

Sollicités par Le360, plusieurs départements ministériels, y compris auprès du chef du gouvernement ou encore celui des Finances, s’abstiennent de formuler une réponse précise à ce sujet. Si l’option d’une loi de finances rectificative est écartée, l’idée d’une rallonge budgétaire (ouverture de crédits supplémentaires) est également exclue.

Le gouvernement se veut rassurant, laissant penser qu’il dispose encore d’un espace budgétaire et de marges de manœuvre suffisantes pour honorer ses engagements, sans avoir besoin de couper le budget alloué à l’investissement public. Samedi dernier, à la veille de la signature de l’accord, devant l’insistance des syndicalistes, Fouzi Lekjaa a été contraint de rappeler que «la loi de finances, c’est son métier» et que sa mission consiste à «trouver des solutions pour la question du financement».

Sachant que la facture de 10 milliards représente environ 13% du budget global destiné au ministère de l’Éducation nationale dans le PLF 2024 (74 milliards de dirhams), on ne peut qu’applaudir le ministre du Budget qui, en l’espace de quelques jours, a su se débrouiller pour mobiliser cette enveloppe colossale sans dérapage et, surtout, sans grand tapage médiatique.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Wadie El Mouden
Le 11/12/2023 à 13h25