Gestion de l’eau dans l’agriculture: le dessalement n’est pas la solution

La station de dessalement d'eau de mer de Jorf Lasfar ne cesse de développer sa production pour répondre aux besoins croissants en eau potable des habitants d'El Jadida et des régions avoisinantes. (MAP)

Revue de presseL’investissement dans les infrastructures est une condition nécessaire mais pas suffisante pour relever le défi de la pénurie d’eau. Les réformes des politiques axées sur la demande en eau doivent être poursuivies. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Economiste.

Le 09/01/2025 à 22h11

«Les stations de dessalement ne suffiront pas à résoudre la problématique de l’eau. Il ne faut pas se leurrer». L’avertissement est donné  par Ahmed Mouflih, directeur général de la Fédération interprofessionnelle marocaine de production et d’exportation des fruits et légumes (FIFEL), cité par le quotidien L’Economiste, qui trace les limites de la politique de dessalement d’eau de mer dans une analyse publiée dans son édition du vendredi 10 janvier.

Un constat partagé par Najib Layachi, expert en agroalimentaire, pour qui «des solutions comme le dessalement et le recyclage ne répondent pas aux besoins actuels en termes d’espace, de temps, de quantités disponibles».

La Banque mondiale abonde dans ce sens dans son rapport sur «La pénurie d’eau et sécheresse», réalisé dans le cadre du Rapport sur le climat et le développement au Maroc et repris par le quotidien. Selon l’institution financière, «l’investissement dans les infrastructures, bien que nécessaire, ne suffit pas à relever le défi de la pénurie d’eau. Des réformes des politiques axées sur la gestion de la demande en eau sont essentielles». Les solutions structurelles doivent être complétées par des approches soft, incluant la gouvernance de l’eau, une gestion rationnelle de la demande et des changements de comportements.

Face à l’appauvrissement des nappes phréatiques et au manque de pluies, une question cruciale se pose: comment garantir l’approvisionnement en eau potable, tout en répondant aux besoins de l’agriculture et des autres secteurs comme l’industrie et le tourisme?

Selon Najib Layachi, «85% des besoins en eau concernent l’agriculture, contre 10% pour l’industrie et le tourisme et 5% pour la population. Si les besoins de ces derniers secteurs restent gérables, l’agriculture nécessite des solutions innovantes». L’expert insiste sur la nécessité de revoir le modèle agricole actuel et de s’orienter vers une agriculture plus productive, mais moins consommatrice en eau. Une telle transformation est essentielle pour faire face à la menace grandissante de la pénurie d’eau sur la sécurité alimentaire.

La pénurie d’eau entraîne une réduction significative de l’offre agricole, impactant principalement les cultures pluviales, même dans les zones généralement favorables. Parmi les produits les plus touchés figurent les céréales, les légumineuses, les légumes en plein champ, ainsi que les fruits non irrigués, tels que le blé, les pois chiches, les olives, les pommes de terre et les oignons.

Les cultures irriguées, quant à elles, resteront disponibles en quantités variables, notamment en fonction des exportations. Il s’agit notamment des tomates, des courgettes, des carottes, des fruits rouges et des pastèques.

Par Nabil Ouzzane
Le 09/01/2025 à 22h11