Flexibilité du dirham: le Maroc envisage de franchir une nouvelle étape en 2026, selon Jouahri

Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib. MAP

Le Maroc envisage d’assouplir l’arrimage du dirham à l’euro et au dollar en 2026, ouvrant ainsi une nouvelle étape dans la réforme de son régime de change. Cette information a été révélée par le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, lors d’un entretien avec Bloomberg. Les détails.

Le 28/10/2024 à 14h42

Le Maroc prévoit de franchir une nouvelle étape dans la réforme de son régime de change. Le Royaume envisage d’assouplir l’arrimage du dirham à l’euro et au dollar en 2026, révèle le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, dans un entretien avec Bloomberg, en marge des dernières réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale qui se sont tenues du 21 au 26 octobre à Washington.

Selon le wali de la banque centrale, il s’agira de reprendre le processus de réforme progressif interrompu pendant la Covid-19. En effet, le Maroc a entamé, depuis 2018, une libéralisation progressive du dirham, en élargissant la bande de fluctuation à 2,5% puis à 5% en 2020, tout en continuant de l’arrimer à un panier de devises composé à 60% d’euros et à 40% de dollars.

Concrètement, cette nouvelle étape consistera à éloigner progressivement le dirham de son ancrage actuel, basé sur un panier d’euros et dollars américains. «La banque centrale est techniquement prête», assure Abdellatif Jouahri, précisant qu’un plan de transition est en cours afin de permettre aux banques marocaines de s’aligner sur ce flottement de la monnaie nationale. «Détacher le dirham d’un panier de devises reviendrait à le soumettre à l’offre et à la demande. Si nous le faisons, nous devrons ajuster le taux directeur de la Banque centrale deux à trois fois par an», souligne-t-il.

Une levée de fonds d’au moins 1 milliard de dollars en 2025

D’après le wali de Bank Al-Maghrib, l’institution monétaire n’envisage pas d’adopter dans l’immédiat un nouveau régime de change du dirham, bien que le FMI lui recommande d’aller vers un flottement total. Et pour cause: la majorité des entreprises marocaines, particulièrement les Petites et moyennes entreprises (PME), qui ne maîtrisent pas encore la couverture contre les risques de change, ne sont pas prêtes pour une telle réforme.

Cette flexibilité du dirham, dont les avantages sont vantés par de nombreux économistes, est revenue au-devant de la scène au lendemain de la pandémie de Covid-19. Fin avril 2024, en marge des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington, la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, avait indiqué à la chaîne Sky News que le Maroc était prêt à franchir une nouvelle étape dans la réforme du régime de change.

Outre la flexibilité de la monnaie nationale, Abdellatif Jouahri a également révélé lors de cette entrevue avec Bloomberg, que le Maroc envisage une nouvelle émission obligataire d’«au moins un milliard de dollars en eurobonds d’ici début 2025» sur le marché financier international. Une levée de fonds qui permettra au Royaume de profiter d’une éventuelle baisse des taux d’intérêt pour renforcer ses réserves de change.

Par Elimane Sembène
Le 28/10/2024 à 14h42