Depuis quelques jours, les factures à la station-service s’enflamment. Hier, mercredi 16 mars 2022, le prix du litre du gasoil a frôlé les 12 dirhams, affichant jusqu'à 11.91 dirhams le litre, soit une augmentation de 60 et 70 centimes par rapport au 4 mars 2022. Celui de l'essence, quant à lui, a dépassé la barre de 14 dirhams, atteignant les 14,16 dirhams dans certaines stations, avec une hausse comprise entre de 1 dirham et 1,20 dirham.
Ces hausses inquiètent surtout, et de plus en plus, les professionnels du transport (petits et grands taxis, transporteurs de marchandises) qui subissent de plein fouet les fluctuations du marché, depuis la libéralisation du secteur en 2015.
Une équipe dépêchée par Le360 est allée, à Casablanca, à la rencontre des chauffeurs de taxis, petits et grands, et des transporteurs routiers, lesquels n’ont pas caché leur colère et leur incompréhension, face à cette hausse qu’ils qualifient de vertigineuse et d’insupportable.
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Mustapha Chaâbane, chauffeur de taxi à Casablanca et membre du bureau régional de l’Union marocaine du travail (UMT), a tenu à souligner que les prix des carburants ont connu une hausse brutale ces derniers temps.
«Nous ne savons pas jusqu'où iront ces augmentations, que nous ne pouvons, d’ailleurs, pas répercuter sur nos clients. Alors que les conducteurs gagnaient jusqu’à 100 dirhams par jour, ils ne peuvent aujourd’hui toucher que la moitié de cette somme, voire moins parfois», indique-t-il
«Le propriétaire du taxi perçoit sa recette journalière. C’est plutôt le chauffeur qui est le plus impacté par cette augmentation des prix. Nous avons des charges supplémentaires à payer, et il nous est vraiment difficile de nous adapter à cette nouvelle majoration. Je perçois 70 dirhams pour deux jours de travail, et cela n’équivaut à rien», déplore un autre chauffeur de la capitale économique, quelque peu abattu.
«Nous espérons que l'aide directe promise par l’actuel gouvernement puisse rapidement se mettre en place, car c’est notre seule issue de secours face à cette hausse insupportable des prix du gasoil», témoigne Said Fakhreddine, chauffeur et membre du bureau régional de l’Union marocaine du travail (grands taxis).
Même son de cloche chez les transporteurs routiers qui s’inquiètent des répercussions des augmentations des prix des carburants sur l'avenir de leur activité. «Cette hausse des prix du gasoil est réellement problématique. Aujourd’hui, il nous est difficile de rémunérer nos chauffeurs, puisque la recette perçue ne nous permet même pas de combler les charges du carburant seul», explique Hamid Bardad, propriétaire de camions.
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«Les camions ne bougent plus. Les rentrées d’argent perçues ne suffisent plus pour payer les clients. Pour un voyage simple, il faut payer 400 dirhams de gasoil et un minimum de 100 dirhams le chauffeur par jour. Que restera-t-il à gagner dans ce cas-là? Rien. Aujourd’hui, si les camionneurs ne bougent plus, ce n’est pas parce qu’ils font grève, c’est parce que l’activité se dégrade de plus en plus, et nous sommes confus quant au devenir de la profession», conclut El Miloudi Mdiouart, secrétaire général du syndicat des propriétaires, des professionnels des camions et des grues portuaires.
Il est à rappeler que cette nouvelle augmentation intervient deux jours après la décision du gouvernement de soutenir les professionnels du transport, qui subissent de plein fouet l’impact de la flambée des prix à la pompe.
Une plateforme électronique sera ainsi lancée dans un délai de 15 jours, a annoncé le gouvernement, représenté par les ministres du Transport (Mohamed Abdeljalil) et du Budget (Fouzi Lekjaa), lors d’une rencontre avec les représentants des syndicats et associations de transporteurs, tenue lundi 14 mars 2022, à Rabat.
«Le gouvernement va intervenir à travers l’octroi d’un soutien à partir des prochains jours pour réduire les effets de la flambée des prix et faire en sorte que la chaîne d’approvisionnement des citoyens se maintienne dans de bonnes conditions», avait fait savoir le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa.