Malgré la succession des crises à l’échelle internationale (Covid-19, guerre en Ukraine) et leur impact sur les prix des matières premières, l’économie marocaine fait preuve d’une grande résilience, affirme Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget, lors de la séance des questions orales à la chambre des conseillers, mardi 23 mai 2023.
Cette situation a mis les finances publiques sous pression, incitant le gouvernement à entreprendre une nouvelle génération de réformes. «Ces réformes ambitieuses et coûteuses ne pourraient être réalisées si notre pays n’a pas réussi à restaurer l’équilibre des finances publiques après la crise de la Covid», a fait savoir Lekjaa, en rappelant que le déficit avait dépassé 7% du PIB en 2020 alors que l’endettement a dépassé 72% du PIB.
Pour faire face à cette situation difficile, le gouvernement a pris des mesures qui ont coûté une charge additionnelle de plus de 40 milliards de dirhams, dont 26 milliards destinés à la Caisse de compensation, note le ministre.
Dans le détail, poursuit-il, ce budget additionnel a permis de subventionner le prix du gaz butane (11 milliards de dirhams), du blé (9,3 milliards de dirhams), du sucre (1,2 milliard de dirhams), du transport (4,5 milliards de dirhams). Des aides directes ont également été allouées à l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (5 milliards de dirhams), à la Caisse marocaine des retraites (2 milliards de dirhams), aux opérateurs du tourisme (2 milliards de dirhams), etc.
Grâce à ces mesures, le Maroc a réduit le volume de son endettement de 72,2% en 2020 à 69,8% 2022, alors que le déficit budgétaire est passé de 7,1% du PIB en 2020 à 5,9% du PIB en 2021 et 5,1 en 2022 (Sachant que 1% du PIB correspond à plus de 11 milliards de dirhams).
Tout en se félicitant des notations récentes de Fitch et de Standard and Poor’s, ainsi que le retrait du Maroc de la liste grise du GAFI et de l’Union européenne, Lekjaa insiste sur la nécessité de poursuivre les efforts pour améliorer l’équilibre des fondamentaux macro-économiques.
Malgré une année 2022 exceptionnelle, le gouvernement table sur une hausse de 4% des recettes fiscales en 2023. Le bilan arrêté à fin avril semble confirmer les prévisions de l’exécutif. A fin avril dernier, les recettes fiscales ont augmenté de 3,1 milliards de dirhams, soit une hausse de 4%. Exception faite à l’IS (repli de 620 millions de dirhams, après une hausse record de 10,5 milliards de dirhams en 2022), les recettes issues des autres impôts affichent une amélioration notable: l’impôt sur le revenu (+4,6%), TVA (+6,6%), Droits de douane (+8,2%), Droits d’enregistrement et de timbres (+10,4%).
Ce qui réconforte encore plus le ministre chargé du Budget, consiste en le recul des dépenses de compensation de janvier à fin avril grâce au recul des prix des matières premières, notamment le gaz butane (−32% à 418 dollars la tonne), le blé (−17% à 266 dollars la tonne).
Souveraineté financière
Lekjaa table sur la poursuite de la décrue des prix des matières premières, offrant au gouvernement de nouvelles marges budgétaires qui vont servir à financer d’autres chantiers prioritaires. D’où l’ouverture récemment d’une rallonge budgétaire de 10 milliards de dirhams dont 4 milliards de dirhams alloués à l’ONEE (pour maintenir inchangé le tarif de l’électricité), 1,5 milliards de dirhams pour financer le Programme national pour l’approvisionnement en eau potable, 1,2 milliards de dirhams pour financer la feuille de route du tourisme (2023-2026).
Lekjaa voit dans ces «réalisations» la preuve d’une «souveraineté financière», appuyée par la confiance des partenaires du Maroc et des organismes internationaux (FMI, Banque mondiale, etc.). Selon lui, l’équation des finances publiques ne doit pas faire l’objet de surenchères politiciennes. Le ministre délégué chargé du Budget reste attaché au respect des équilibres fondamentaux. «Si on veut stabiliser l’endettement à 69% du PIB, nous devons revenir à un niveau de déficit inférieur à 3% du PIB et une croissance supérieure à 3,5%»,