Faute d'autorisations, le transport des marchandises vers l'Europe est quasiment à l'arrêt

Camions de transport routier. (Photo d'illustration)

Camions de transport routier. (Photo d'illustration) . DR

Alors que la campagne agricole vient de commencer, les professionnels du Transport international routier (TIR) ont eu la bonne surprise d’apprendre l’épuisement du contingent des autorisations leur permettant de desservir certains pays européens. Explications.

Le 08/11/2020 à 11h00

Les routiers marocains ont été mis devant le fait accompli. «J'ai l'honneur de vous informer que le stock des autorisations bilatérales néerlandaises de l'année 2020 est épuisé le mercredi 4 novembre 2020, suite à une augmentation exceptionnelle de la consommation desdites autorisations ces derniers jours», peut-on lire dans une correspondance du ministère de l’Equipement, du transport et de la logistique, adressée aux professionnels du TIR.

«Les autorités néerlandaises ont été saisies pour doter l'administration marocaine d’un contingent supplémentaire d’autorisations néerlandaises pour couvrir le reste de l'année 2020», ajoute ce courrier.

Le même problème risque de se poser avec d’autres pays membres de l’Union européenne. «Vu l'augmentation des flux entre le Maroc et certains pays européens, notamment l'Espagne et la Belgique, cette direction (la direction des transports terrestres et de la logistique, Ndlr) a sollicité des contingents supplémentaires des autorisations bilatérales des pays concernés pour couvrir le reste de l'année 2020», prévient le ministère dans cette correspondance.

Les opérateurs du TIR reprochent au ministère de tutelle son manque d’anticipation. A leurs yeux, l’épuisement du contingent des autorisations avec la Hollande, environ 4.000, était prévisible. «Le flux du trafic avec les Pays Bas a changé de physionomie ces dernières années. Au lieu de décharger les produits frais (légumes, fruits, fleurs) à la plateforme logistique de Perpignan (France), les camions frigorifiques ont commencé à servir directement le marché néerlandais, attirés par une croissance soutenue de la demande», explique ce membre de la Fédération du transport.

En attendant le feu vert des Pays-Bas pour une rallonge d’autorisations, les professionnels marocains du TIR vont devoir suspendre tout trafic vers (et en provenance de) ce pays membre de l’UE. Une situation qui va sans doute profiter au pavillon TIR européen. S’aventurer à voyager sans l’autorisation expose en effet les transporteurs, en cas d’interception du poids lourd, à une lourde amende.

Face à l’insuffisance chronique des autorisations bilatérales, le président de l’Association marocaine des transporteurs routiers inter-continentaux (AMTRI), Driss Bernoussi, appelle revoir la méthodologie du travail qui, dit-il, date des années 1980, alors que les flux se sont nettement multipliés. «Le mode de gestion du système des contingents est dépassé. Il ne reflète pas la réalité des échanges réels», explique-t-il.

Driss Bernoussi cite, à titre d’exemple, le cas des transporteurs européens qui puisent dans le contingent réservé aux opérateurs marocains en faisant appel à des tracteurs marocains. «Parmi les 180.000 semi-remorques qui sortent chaque année du Maroc via Tanger Med, 110.000 appartiennent à des sociétés de droit marocain», constate le président de l’AMTRI.

Par Wadie El Mouden
Le 08/11/2020 à 11h00