Exigence du test PCR, baisse du pouvoir d’achat… le tourisme entame une timide reprise

La célèbre place Jemaâ El Fna de Marrakech.

La célèbre place Jemaâ El Fna de Marrakech. . DR

Deux mois après la réouverture de l’espace aérien, la reprise de l’activité touristique est loin de satisfaire les attentes des acteurs du secteur. Encore pénalisés par l’exigence du Test PCR à l’entrée du territoire, les professionnels demandent plus d’allègement pour faire face à la concurrence.

Le 09/04/2022 à 14h19

Depuis la réouverture des frontières aériennes, l’engouement habituel durant cette période pour la destination Maroc n’est pas de mise cette année. Pour Lahcen Zelmat, président de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH), contacté par Le360, le constat est sans appel: la reprise de l’activité touristique est très timide durant cette période, que ce soit pour les touristes étrangers ou le marché interne.

«Ce mois d'avril, les vacances scolaires ont coïncidé avec le ramadan, ce qui fait que les touristes internes n’ont pas voyagé durant cette période. Même ceux qui sont en vacances sont restés chez eux», regrette-t-il.

Au-delà du marché interne, le président de la FNIH explique que les professionnels du secteur ont ressenti la baisse du pouvoir d’achat, notamment de l’autre côté de la Méditerranée.

«Nous avons ressenti l’impact de la baisse du pouvoir d’achat. Entre la sortie de la crise sanitaire, la guerre en Ukraine et son impact sur les prix de plusieurs produits essentiels, le niveau de vie s’est dégradé ces derniers mois, notamment en Europe. Il n’y a pas vraiment eu d'engouement durant ces deux derniers mois par rapport à la même période avant la crise».

Au-delà du pouvoir d'achat, un autre obstacle fait perdre au Maroc d'importantes parts de marché, celui du test PCR négatif encore réclamé à l’entrée et à la sortie du territoire pour l’ensemble des voyageurs, même lorsqu’ils sont vaccinés.

«Du moment qu’on demande toujours des tests PCR aux voyageurs étrangers, nous ne pouvons espérer un réel engouement. Les tests coûtent entre 80 et 100 euros, ce n’est pas négligeable pour un voyageur de classe moyenne», souligne Lahcen Zelmate.

Et d’ajouter: «Si on est une famille ou un groupe d'amis c'est très compliqué de prendre rendez-vous à temps pour faire tester tout le monde en respectant les délais. On se dit que si une personne est testée positive c’est tout le voyage qui est annulé, du coup on décide dès le départ d’opter pour une destination moins contraignante au détriment de la destination Maroc. Souvent, on s’oriente vers l'Espagne, la Tunisie ou encore l’Egypte».

Par rapport aux perspectives du secteur pour les prochains mois, le président de la FNIH assure que les professionnels sont mobilisés pour garantir les meilleures conditions d’accueil à l’ensemble des voyageurs qui ont déjà réservé pour la saison estivale, espérant que la récente ouverture des frontières maritimes avec l’Espagne favorise les arrivées en provenance de l’Europe.

«Nous avons quelques réservations pour la saison estivale mais ça reste relativement bas par rapport à nos attentes. Nous espérons que la récente ouverture des frontières maritimes participera à accélérer le flux touristique en provenance de l’Europe, notre principal marché émetteur, notamment pour les touristes espagnols, français et Belges, mais également nos MRE, qui constituent un maillon essentiel à même de stimuler l’activité touristique durant l’été», espère Lahcen Zelmate. 

Les bons élèves de la repriseSi plusieurs professionnels souffrent encore du ralentissement de l'activité touristique, d'autres acteurs du secteur ont déjà renoué avec la croissance. C'est le cas des professionnels de la région de Drâa-Tafilalet qui ont su tirer avantage de deux grands évènements organisés durant cette période.

«C’est la haute saison chez nous durant cette période; nous n'avons certainement pas les mêmes niveaux d’attractivité et de dynamisme que d’habitude mais nous avons de bons signes de reprise, grâce à l’organisation cette année du Marathon du sable qui traverse toujours la région de Drâa-Tafilalet à travers Zagora, Ouarzazate et Errachidia, et le Rallye Aïcha des Gazelles», explique au Le360, le président du Centre régional du tourisme Draa-Tafilalet, Mohammed Takhchi.

Ces évènements qui dynamisent chaque année l’économie locale durant cette période ont participé à booster l’attractivité touristique de la région qui profite également de la reprise des tournages cinématographiques qui ont été reportés depuis le déclenchement de la crise sanitaire.

«Le cinéma joue un rôle très important pour l'économie de notre région, les prestataires de services de restauration, d’hôtellerie, les transporteurs touristiques et les guides sont tous mobilisés pour répondre aux besoins des équipes de tournage», précise Mohammed Takhchi.

Pour la saison estivale, le président du CRT Draa-Tafilalet se dit rassuré et optimiste. «Ce sont de bons signes de reprise que nous constatons. On est loin des 100% mais c’est un bon départ. D’après les professionnels que j’ai contactés, tout le monde a des réservations pour après le Ramadan jusqu’au mois de juillet, principalement des touristes français», conclut-il. 

Par Safae Hadri
Le 09/04/2022 à 14h19