Les Casablancais viennent de tourner la page de 27 ans de Lydec, l’ancien opérateur en charge de la distribution de l’eau potable, de l’électricité et de l’assainissement. L’ex-filiale du géant français Suez (ce dernier a cédé en 2022 sa participation à Veolia) est devenue aujourd’hui une entité 100% marocaine, portant le nom de Société régionale multiservices (SRM) Casablanca-Settat, la première d’une série de douze SRM (chaque région aura sa propre SRM).
La SRM de Casablanca-Settat, dont la création s’inscrit dans le cadre de la réforme du secteur de la distribution et de la régionalisation avancée, va donc reprendre les activités de Lydec, mais aussi celles des autres régies de la région, à savoir la Régie autonome de distribution d’eau et d’électricité de la province d’El Jadida (RADEEJ), la Régie autonome de distribution d’eau et d’électricité de la Chaouia (RADEEC), ainsi que l’activité de distribution de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) à l’échelle régionale.
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La SRM a pour principale mission de gérer la distribution d’eau potable et d’électricité et l’assainissement liquide sur le territoire de la région, tout en tenant compte des principes des services publics, que sont la continuité, l’adaptabilité et l’égalité entre les usagers. Cette mission lui a été confiée pour une durée de 30 ans, dans le cadre d’un contrat de gestion.
Le capital de la SRM Casablanca-Settat s’élève à 200 millions de dirhams, réparti entre l’État (25%), le groupement des collectivités territoriales Casablanca-Settat pour la distribution (40%), la région de Casablanca-Settat (10%) et l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (25%).
La SRM Casablanca-Settat opère sur les deux préfectures de Casablanca et de Mohammedia et les sept provinces de Nouaceur, Médiouna, El Jadida, Sidi Bennour, Settat, Berrechid et Benslimane pour plus de sept millions d’habitants.
Nouvelle identité visuelle
L’entrée en service de la SRM Casablanca-Settat, effective depuis le 1er octobre, s’est faite en douceur, mis à part quelques rares incidents déclarés dans certaines communes rurales qui relèvent du territoire géré par les anciennes régies (coupures d’électricité, suspension du service de paiement). Entre-temps, la nouvelle société a dévoilé son positionnement de marque à travers une nouvelle identité visuelle. Les sites administratifs et techniques de la défunte Lydec ont déjà commencé à arborer le nouveau logo. Ce dernier est également appliqué sur les tenues vestimentaires ainsi que sur les 1.500 véhicules que compte la flotte de la SRM. Les premières factures portant la nouvelle identité visuelle vont tomber dans les jours qui viennent.
Côté tarification, rappelons que la SRM est tenue, en vertu du contrat de gestion signé avec le groupement des collectivités territoriales Casablanca-Settat pour la distribution, de maintenir les prix appliqués par les anciens opérateurs. La création des SRM n’entrainera aucune augmentation du tarif de consommation et des frais de raccordement. N’empêche, des voix parmi les élus appellent déjà à une unification des tarifs entre les différentes provinces et préfectures de la région.
En termes de gouvernance, pour plus de proximité avec ses clients, le nouvel organigramme de la SRM prévoit l’installation de délégations provinciales ou préfectorales (à ne pas confondre avec des agences), avec des prérogatives élargies. Ces délégations seront dotées de ressources humaines propres et de suffisamment de moyens techniques pour garantir un service de qualité, a fait savoir, hier mardi 8 octobre, Youssef Tazi, nouveau DG de la SRM (il a pris ses fonctions le 1er octobre), lors d’une réunion du groupement des collectivités territoriales Casablanca-Settat pour la distribution. Dans chaque province ou préfecture, chaque direction sera organisée en plusieurs départements: eau, électricité, assainissement liquide, études et travaux, clientèle, lutte contre la fraude, support.
Préservation des acquis sociaux
La SRM compte aujourd’hui 4.763 collaborateurs, répartis sur les quatre établissements absorbés: Lydec (65%), Radeej et Radeec (17%), ONEE- Branche électricité (14%), ONEE – Branche eau (4%). S’agissant des modalités de transfert des collaborateurs de l’ONEE et des anciennes régies vers la SRM, Youssef Tazi affirme que la SRM s’est engagée, en vertu du contrat de gestion, à garantir au personnel «une situation qui ne peut en aucun cas être inférieure à celle qui a prévalu auparavant, notamment en ce qui concerne les salaires, les indemnités, les primes, les œuvres sociales, le statut, la couverture médicale et le système de sécurité sociale». La SRM s’est engagée également à mettre en place un programme annuel et pluriannuel de formation continue. «La formation est l’une des priorités du plan d’action de la SRM», a-t-il affirmé.
60 milliards de dirhams d’investissements
L’objectif principal de la SRM Casablanca-Settat est de mutualiser les moyens et les expertises des opérateurs précédents pour les mettre au service de la région, afin de garantir à chaque citoyen un service de qualité, tout en assurant une gestion optimale et durable des ressources.
La SRM Casablanca-Settat s’engage à mettre en œuvre un programme prévisionnel d’investissement de 60 milliards de dirhams sur la période 2024-2054. L’essentiel de cet effort d’investissement, soit 33 milliards de dirhams, ira aux projets d’assainissement (STEP, etc), notamment dans les zones rurales. Le reste sera réparti entre le programme dédié à l’eau potable (15 milliards de dirhams) et celui destiné à renforcer le réseau de distribution d’électricité (12 milliards de dirhams). Parmi les projets prioritaires à court terme, Youssef Tazi évoque celui consistant à construire un réseau de distribution de près de 130 kilomètres de conduites reliées à la future station de dessalement de l’eau de mer de Casablanca.