La Corée, qui importe plus de 90% de ses besoins en engrais depuis la Chine, prévoit de diversifier ses fournisseurs en s’approvisionnant notamment au Maroc. C’est ce qu’a récemment annoncé le ministère coréen de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales d’après le média local Hani.co.kr. «Nous disposons actuellement de 40.000 tonnes de stocks, dont 10.000 tonnes de produits finis et 30.000 tonnes de matières premières. (…) Il n’y a actuellement pas de tension entre l’offre et la demande, mais nous prévoyons de diversifier nos sources d’importation, en nous approvisionnant au Maroc et au Vietnam durant le premier semestre de l’année prochaine», a déclaré le ministère.
Selon ce département, compte tenu des besoins annuels du pays, estimés à 100.000 tonnes, et de la tendance actuelle des ventes, ses stocks actuels pourraient assurer l’approvisionnement du marché local jusqu’en mai 2024.
Si le Pays du matin calme souhaite s’activer sur le marché mondial des engrais, c’est parque son voisin chinois a récemment suspendu les procédures douanières sur ses expéditions d’urée vers Séoul, selon plusieurs médias coréens, dont l’agence de presse Yonhap News Agency. Ce type d’azote est utilisé comme engrais dans l’agriculture et dans les véhicules pour réduire les émissions des motorisations diesel.
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Plus préoccupant, les entreprises chinoises pourraient volontairement réduire drastiquement leurs exportations d’urée en 2024, d’après la radio coréenne KBS. «Quinze des principaux producteurs auraient donné leur accord pour réduire d’un tiers leur volume d’exportation l’année prochaine», révèle la station, citant un média chinois.
Soutien aux entreprises importatrices
Cette situation fait suite «aux appels lancés en novembre par l’Association chinoise des engrais azotés pour donner la priorité au marché domestique, après que les prix ont atteint leur plus haut niveau en deux ans», explique Reuters, indiquant que la Corée a annoncé, le 4 décembre, des consultations avec les autorités chinoises pour avoir des explications sur les retards notés sur des livraisons d’urée.
Pour éviter toute pénurie, les autorités coréennes prennent leurs dispositions. Le ministre coréen du Commerce, de l’Industrie et de l’Énergie Bang Moon-Kyu a déclaré, le 6 décembre, que l’État allait soutenir les entreprises qui envisagent d’importer en urgence de l’urée à partir de pays autres que la Chine, même si ces achats auront des coûts supérieurs de 10% en moyenne.
«Selon des données du gouvernement, plus de 90% de l’urée importée par la Corée pour le secteur industriel provenait cette année de la Chine, alors que cette part n’était que de 71,8% l’année dernière», révèle l’agence Yonhap News.
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Outre l’urée, la Chine aurait également fortement restreint ses exportations de phosphate d’ammonium (DAP) vers la Corée, selon Hani.co.kr. D’après le média, qui cite le Chemical Fertilizer Network, une plateforme spécialisée dans l’industrie chinoise des engrais chimiques, la Commission nationale du développement et de la réforme, qui supervise la planification macroéconomique de la Chine, a notifié le 8 novembre dernier la suspension des inspections à l’exportation de DAP.
Un potentiel marché pour le groupe OCP
«La dépendance de la Corée à l’égard du phosphate d’ammonium en provenance de Chine est absolue, atteignant 95%. En effet, le pays est géographiquement proche et les coûts d’importation, y compris les coûts logistiques, sont faibles. Si la restriction des exportations se prolonge, cela pourrait affecter non seulement l’approvisionnement national en engrais, mais également la production agricole de l’année prochaine», alerte le média coréen.
Une belle opportunité se présente ainsi au groupe OCP pour intégrer un nouveau client dans son portefeuille asiatique, ses principaux clients dans la région étant l’Inde et le Bangladesh. Rappelons que le groupe marocain avait signé, en janvier 2023, des mémorandums d’entente avec les plus importants producteurs d’engrais indiens pour la fourniture de 1,7 million de tonnes d’engrais phosphatés. Début octobre 2023, le gouvernement bangladais, à travers la Bangladesh Agricultural Development Corporation (BADC), avait également approuvé l’achat de 110.000 tonnes d’engrais auprès d’OCP Group.