Encore du chemin à faire pour le business du livre

Brahim Taougar Le360

Revue de presseKiosque360. Le secteur de l’édition et du livre est morose et souffre depuis longtemps d’une agonie. Ecrivains, éditeurs et libraires évoquent tous un malaise. Le ministère de la Culture tente d’encourager, mais cela ne fait pas l’unanimité.

Le 12/02/2015 à 08h00

Alors que le Salon de l'édition et du livre (SIEL), s’apprête aujourd’hui à accueillir ses premiers visiteurs annuels, le business du livre n’est pas au beau fixe. C’est le quotidien les Eco dans son numéro du 12 févier, qui s’intéresse à ce «secteur sous perfusion». Le faible public fait qu’au Maroc, on n’édite que 2 500 livres annuellement, contre quelques 73 000 en France, pour une moyenne de tirage de 2 000 unités. Il faut dire qu’en 27 ans, nous n'avons réussi qu’à doubler le nombre de titres, selon l’éditeur Abdelkader Retnani. Ce dernier explique que le secteur de l’édition comprend au maximum 200 maisons spécialisées au Maroc et il est divisé en 3 catégories : ceux qui font le scolaire et le parascolaire, la fiction et les essais et enfin ceux qui font les deux. Dans le meilleur des cas, un livre peut être distribué à hauteur de 2 500 unités vendues, et c’est rare. La publication économique, estime que pour survivre, les éditeurs sont obligés de créer des nouveautés.

Un secteur à deux vitesses

De son côté, Guillaumme Jobin, co-fondateur d’une maison d’édition, nous explique son business modèle « novateur ». Ce dernier, préfère déléguer une partie du travail à des gens externes, minimiser les charges salariales (4 personnes à temps plein) et vend ses livres sur internet. Le web, représente 4% des 500 000 DH qu’a réalisés sa jeune PME de 3 ans. Dans un registre un peu différent, « la croisée des chemins » maison d’édition de référence, emploie 15 personnes et a brassé 10 millions de dirhams en chiffre d’affaires. Par ailleurs, d’autres semblent vivre des journées moins remplies, et moins riches à l’image de Tarik éditions qui est déficitaire.

Le ministère et pour palier à ces problèmes a mis en place un budget de 10 millions de dirhams en faveur de l’écosystème livre au Maroc. Selon ce département, cette manne servirait à trouver un équilibre entre la production, jugée riche et diversifiée et la demande qui reste assez faible et empêche les intervenants d’avancer. D’après le directeur du livre, Hassan El Ouazzani, 2,5 millions de dirhams ont déjà été débloqués pour 288 dossiers acceptés. Quant à Bichr Bennani, directeur de Tarik éditions, il tacle ce programme qui, pour lui, ne s’attaque pas au cœur du problème, la lecture, le ministère cherchant seulement à gagner l’allégeance des acteurs du secteur. Même son de cloche chez Guillaumme Jobin, qui conseille au ministère de se concentrer sur les bibliothèques et de démocratiser la lecture.

Par Karim Belmoudden
Le 12/02/2015 à 08h00