Par anticipation de la directive bancaire européenne qui sera appliquée en 2025, les autorités de régulation et les banques centrales de plusieurs États européens ont suspendu l’activité d’intermédiation qu’effectuent les filiales des banques des États-tiers auprès de la diaspora pour le compte de leurs maisons-mères. «Or, c’est sur ce schéma que fonctionne le business de trois grandes banques marocaines en Europe», alerte le quotidien Les Inspirations Eco dans son édition du vendredi 17 février.
Leurs filiales touchent, en effet, une rémunération sous forme de commission sur le montant des transferts des MRE qui transitent par leur canal. Ce qui a permis d’accélérer la bi-bancarisation de centaines de milliers de MRE. Les banques marocaines concernées disposent de filiales et succursales dans sept pays européens et d’une cinquantaine de bureaux de représentation à travers le monde.
«Si elle est adoptée en l’état, la directive européenne serait un coup dur pour les banques marocaines au regard du poids des MRE dans leurs ressources. À fin 2022, les dépôts des Marocains du monde s’y élevaient à 198,5 milliards de dirhams (un total de 1.134 milliards», lit-on).
Ce texte, dont l’adoption est imminente, prévoit l’interdiction pour les banques étrangères non établies dans l’UE d’offrir des services bancaires du pays d’origine directement à leurs clients résidant dans un pays de l’Union, s’est alarmé le wali de Bank Al-Maghrib lors d’un forum consacré aux coûts des transferts de fonds des migrants, tenu le mois dernier au siège du ministère des Affaires étrangères.
D’ailleurs, par anticipation de la directive, la Banque d’Italie interdit d’ores et déjà la commercialisation des services bancaires étrangers sur le marché italien. Pour les banques de pays-tiers, il s’agit d’un obstacle à la bancarisation de la diaspora, une restriction qui risque d’ouvrir un boulevard aux circuits informels qui échappent aux radars des autorités de régulation et qui peuvent servir aux réseaux de blanchiment.
Pour contourner les restrictions de la future directive, le risque est de voir les banques africaines multiplier des bureaux de représentation ou des montages type «agent de paiement». Sous couvert de transferts de fonds, ces banques vont continuer à vendre des produits bancaires.