Dessalement, barrages: où en est la stratégie hydrique nationale?

Grâce aux précipitations enregistrées en mars, le barrage Al Wahda, le plus grand du Maroc, a vu son taux de remplissage grimper à 57,1% ce mardi 1er avril 2025, soit 2.011,4 millions de mètres cubes. (Y.Jaoual/Le360)

Revue de presseLe Maroc accélère ses projets de dessalement et de barrages pour sécuriser l’approvisionnement en eau potable et soutenir l’agriculture. Entre modernisation des infrastructures, gestion durable et gouvernance à refondre, le Royaume joue une partie décisive pour sa souveraineté hydrique. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Economiste.

Le 10/07/2025 à 22h46

Les projets de dessalement d’eau de mer avancent à un rythme soutenu, avec l’objectif d’atteindre une capacité annuelle de production de 1,7 milliard de m³ d’ici 2030. Cette ambition s’inscrit dans le cadre du Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027 (PNAEPI 20-27), qui prévoit également la reprogrammation de certains barrages et l’accélération des chantiers prioritaires, indique le quotidien L’Economiste dans son édition du vendredi 11 juillet.

Malgré une légère amélioration de la situation hydrique, la pression sur les ressources reste forte, notamment sous l’effet de températures élevées persistantes. Plusieurs zones rurales et villages continuent de subir un approvisionnement limité, nécessitant la mise en place de mesures d’urgence telles que l’acquisition de camions citernes supplémentaires et l’accélération de projets d’investissement pour renforcer la gestion des ressources disponibles.

À ce jour, les retenues des barrages totalisent environ 4,3 milliards de m³, ce qui représente un taux de remplissage de 37,4%. Parmi les chantiers structurants, le barrage Ratba, dans la province de Taounate, affiche un taux d’avancement de 30%, lit-on. Doté d’une capacité de stockage proche d’un milliard de m³ et d’un coût estimé à 4,5 milliards de dirhams, cet ouvrage contribuera à sécuriser l’alimentation en eau potable, à prévenir les inondations et à soutenir l’agriculture, notamment l’irrigation des oliveraies locales. La mise en service est attendue pour fin 2028, avec un an d’avance sur le calendrier initial, écrit L’Economiste.

Selon les estimations, le barrage devrait également produire de l’énergie hydroélectrique propre et durable, tout en générant des emplois et en améliorant les conditions de vie des habitants des zones concernées.

Un rapport récent de l’Institut marocain d’intelligence stratégique souligne que le Royaume est à un tournant décisif. Si le pays a pu porter sa capacité théorique de stockage à près de 20 milliards de m³ grâce à 154 grands barrages, seuls 4,5 milliards ont été effectivement mobilisés en 2024, principalement en raison de l’envasement et de l’érosion, qui entraînent une perte annuelle de 50 millions de m³.

Pour pallier ces limites, le dessalement est désormais considéré comme un pilier essentiel de la stratégie hydrique nationale, lit-on encore. Des projets d’envergure visent à couvrir jusqu’à 50% des besoins en eau potable d’ici 2030 dans des zones côtières comme Casablanca, Agadir ou Dakhla. Cependant, ces ambitions se heurtent à des défis majeurs, notamment le coût énergétique élevé, la dépendance aux importations et la nécessité de développer des infrastructures robustes.

Le rapport met également en avant l’urgence d’une gouvernance modernisée et plus intégrée, en raison d’une fragmentation institutionnelle qui freine l’exécution des projets. À terme, la sécurité hydrique du Maroc dépendra d’une combinaison de technologies non conventionnelles, d’investissements soutenus et de réformes structurelles adaptées aux nouveaux enjeux climatiques et démographiques.

Par Nabil Ouzzane
Le 10/07/2025 à 22h46