Départ à la retraite: Miloudi Moukharik veut laisser le choix aux salariés

Miloudi Moukharik, secrétaire général national de l'Union marocaine du travail.. Brahim Taougar le360

Le nouveau round du dialogue social a démarré le 14 avril dernier et le gouvernement semble déterminé à enclencher la réforme des retraites cette année. Si le patron de l’Union marocaine du travail (UMT), Miloudi Moukharik, s’oppose fermement à l’augmentation des cotisations et la réduction des pensions, il reste cependant ouvert aux négociations par rapport au relèvement de l’âge de départ, mais à condition que ce ne soit pas obligatoire.

Le 23/05/2023 à 14h04

Le nouveau round du dialogue social a démarré en avril dernier avec son lot de revendications. D’un côté comme de l’autre, les organisations syndicales et patronales aspirent à faire aboutir un bon nombre de réformes. Mais s’il y a bien un dossier qui passe mal pour les représentants des salariés, c’est celui de la réforme des régimes de retraite voulue par le gouvernement pour combler le déficit des caisses de prévoyance sociale.

Un triangle maudit

Invité d’une émission de débat du média Al3omk, le secrétaire national de l’Union marocaine du travail (UMT), Miloudi Moukharik, a réagi fermement aux solutions proposées par l’exécutif pour empêcher l’épuisement des réserves des régimes de retraite, à savoir l’augmentation à 65 ans de l’âge de départ à la retraite, l’augmentation des cotisations des salariés ou encore la réduction des pensions octroyées aux retraités.

Il s’agit d’«un triangle maudit», selon le responsable syndical, pour qui ces solutions obligeraient les salariés à payer le prix de «l’incompétence des précédents gouvernements et de la mauvaise gestion des caisses de retraite par le passé».

Selon Miloudi Moukharik, cela relève surtout d’un «faux calcul» et d’une «mauvaise analyse» de la situation réelle des caisses de retraite qui sont, selon ses dires, loin d’être en difficulté. Pour lui, seul un régime sur quatre ferait face à un déficit, à savoir celui géré par la Caisse marocaine des retraites (CMR-RPC).

«Ce régime concerne les fonctionnaires et les employés des collectivités locales. L’Etat, en tant qu’employeur, n’a pas payé la quote-part patronale depuis 1960, des milliards de dirhams qui manquent aujourd’hui. Les fonctionnaires, de leur côté, payaient leur dû régulièrement puisqu’il y a prélèvement à la source, ce n’est pas à eux d’assumer aujourd’hui», a-t-il expliqué.

Un prolongement volontaire

Pour Miloudi Moukharik, il n’est pas question de toucher aux pensions, déjà maigres, des retraités, car cela reviendrait à «aggraver davantage l’érosion du pouvoir d’achat des citoyens». C’est une «ligne rouge» à ne pas franchir au risque d’alimenter les tensions sociales et de provoquer un grand mouvement de contestations.

Le syndicaliste refuse également de parler d’un quelconque relèvement du niveau des cotisations des affiliés, qui n’ont pas à assumer «la mauvaise gestion et la gouvernance inappropriée des responsables». Mais, il n’est pas contre l’idée d’offrir la possibilité, à ceux qui le souhaitent, de repousser leur mise à la retraite au-delà de 60 ans, tous les métiers n’ayant pas le même niveau de pénibilité et ne nécessitant pas le même effort physique.

«S’il y a un point sur lequel nous sommes d’accord avec la CGEM, c’est le refus de relever l’âge de départ à la retraite. Cela impactera non seulement les salariés mais réduira aussi le rendement des entreprises. On pourrait laisser le choix aux salariés qui se sentent encore capables de travailler au-delà de 60 ans de le faire s’ils le souhaitent», a-t-il insisté.

Ce que dit l’ACAPS

D’un autre côté, les dernières études menées par l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) en 2020 ont conclu que les principaux régimes de retraite au Maroc arriveront à épuisement durant les prochaines années. Les projections de la Caisse nationale de sécurité sociale montrent que son régime enregistrerait son premier déficit global dès 2027, tandis que l’épuisement de ses réserves est prévu en 2040.

La situation est similaire pour les deux régimes du secteur public, gérés respectivement par la Caisse marocaine des retraites (CMR-RPC) et la Caisse nationale de retraites et d’assurances (RCAR-RG). Le premier déficit global du régime CMR-RPC a été déjà enregistré en 2015, pour un épuisement des réserves attendu en 2028. Quant au régime RCAR-RG, son déficit global interviendrait cette année, alors que l’épuisement de ses réserves est attendu en 2044.

Par Safae Hadri
Le 23/05/2023 à 14h04