Rebondissement majeur dans le conflit opposant les opérateurs télécoms au sujet du dégroupage de la boucle locale, soit les infrastructures détenues par l’opérateur historique et que celui-ci refuse de partager avec ses concurrents moyennant une rétribution financière, et ce en dépit des injonctions et mises en garde du régulateur. L’affaire est désormais devant la justice. Inwi a en effet décidé de recourir aux tribunaux pour faire valoir ses «droits», apprend-on de source sûre. C’était mardi 20 mars. Motif: «concurrence déloyale», nous précise Me Abdellatif Ouahbi qui s’est saisi de l’affaire.
Lire aussi : Dégroupage télécoms: la PDG d'Inwi sort de son silence
Inwi dénonce ainsi un monopole de fait de Maroc Telecom sur des infrastructures, héritées de l’Etat, et qu’il est censé partager selon la réglementation en vigueur. Inwi réclame 5,7 milliards de dirhams de dommages et intérêts à Maroc Telecom, explique l’avocat.
Ce recours à la justice est tout sauf surprenant. Inwi et Meditel, devenu Orange, ont tenté tous les recours possibles contre Maroc Telecom, en vain. Ce dernier a opposé une indifférence pour le moins étonnante aux appels des deux autres opérateurs de la place. La situation ne semblait guère changer sur ce dossier depuis plusieurs années.
Lire aussi : Dégroupage: l'ANRT adresse un sévère avertissement à Maroc Telecom
Inwi avait d’abord alerté l’Agence nationale de réglementation des télécoms (ANRT) à ce sujet. Et celle-ci avait bien adressé un avertissement à Maroc Telecom en 2016 au sujet de ses réticences à mettre en place une offre de dégroupage compétitive. La menace d’une sanction de l’opérateur historique a même été brandie par l’ANRT en 2016. Mais depuis le départ de l’ancien DG de l’ANRT, Azzedine El Mountassir Billah, l’instance de régulation des télécoms au Maroc semble s’être dessaisie de son rôle consistant à veiller sur une concurrence loyale entre les différents opérateurs télécoms. Le dossier du partage des infrastructures a été enterré à l’ANRT au plus grand bonheur de Maroc Telecom qui peut continuer, en toute impunité, à exercer un monopole sur le secteur des télécoms.
Du moment que le régulateur semble impuissant devant Maroc Telecom, il ne reste que le recours à la justice pour espérer obliger le groupe, dirigé par Abdeslam Ahizoune, à appliquer une réglementation qui est en vigueur dans tous les pays au monde. Excepté au Maroc.