Croissance 2020: le HCP plus pessimiste que le gouvernement

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Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) vient de dévoiler ses projections pour la croissance de l’économie marocaine pour 2020 et 2021. Croissance, chômage, demande intérieure, demande extérieure, finances publiques: l'ensemble des indicateurs macro-économiques sont au rouge. Explications.

Le 13/07/2020 à 08h47

Alors que le gouvernement s'est basé sur une hypothèse de croissance du Produit intérieur brut (PIB) de -5% en 2020, le HCP se montre légèrement moins optimiste que l’Exécutif dans ses projections.

L’entité publique dirigée par Ahmed Reda Lahlimi table en effet sur une décroissance de 5,8% en 2020, au lieu d'une progression de l'ordre de 2,5% enregistrée en 2019.

Dans un environnement international des plus défavorables, et alors que le commerce mondial devrait se contracter de 11,9% en 2020 à cause des effets induits de la crise sanitaire, «l’économie nationale devrait connaître une récession en 2020, la première depuis plus de deux décennies, sous les effets conjugués de la sécheresse et de la pandémie», soutient le HCP dans sa dernière note d’information, publiée hier, dimanche 12 juillet, et ayant trait à la situation de l’économie nationale en 2020 et à ses perspectives d’évolution pour 2021.

Plus précisément, le secteur primaire dégagerait une valeur ajoutée en repli de 5,7% en 2020 après avoir régressé de 4,6% en 2019.

De leur côté, les activités non agricoles devraient connaître un net recul, de l'ordre de 5,3% en 2020, après une hausse de 3,7% l’année précédente.

S’agissant du secteur secondaire, celui-ci devrait enregistrer un repli de près de 6,9% en 2020 après une hausse de 3,6% en 2019.

«A l’exception des activités des industries chimiques et para-chimiques et du secteur minier, les autres activités secondaires devraient afficher une baisse remarquable de leur valeur ajoutée», affirme le HCP.

Quant aux activités du secteur tertiaire, elles devraient baisser de 4,5% après avoir connu une hausse de l'ordre de 3,8% en 2019.

Les secteurs du tourisme et du transport, fortement impactés par la fermeture des frontières et les mesures prises pour l’endiguement de la pandémie, seraient les plus touchés.

Les répercussions de la crise sur l’emploi devraient également être importantes.

Le taux de chômage devrait atteindre près de 14,8%, soit une hausse de 5,6 points par rapport au niveau enregistré en 2019, selon le HCP. 

Plus grave encore, la demande intérieure, véritable moteur de l’économie marocaine, devrait enregistrer une baisse de 4% en 2020.

Sa contribution à la croissance serait ainsi négative de 4,4 points au lieu de d’une contribution positive de 1,9 point en 2019.

De même, la contribution de la demande extérieure à la croissance serait négative de 1,4 point, après avoir été positive de 0,6 point l’année précédente. «Les répercussions de la crise sur nos principaux partenaires européens devraient se traduire par une chute de la demande adressée au Maroc de 16,2%», indique ainsi le HCP.

Au niveau des finances publiques, la pandémie et le gel de l’activité économique nationale durant la période de confinement, devraient induire des effets néfastes sur le budget de l’Etat en termes de recettes fiscales. 

Les mesures prises par le gouvernement pour limiter la propagation du virus, devraient quant à elles engendrer des dépenses supplémentaires aux charges ordinaires.

«En conséquence, le déficit budgétaire devrait s’accentuer en 2020 pour atteindre près de 7,4% du PIB (7,5% pour le gouvernement ndlr), dépassant largement le niveau atteint en moyenne annuelle entre les années 2011 et 2013, soit 6,1% du PIB», alerte le Haut-Commissariat au Plan.

Quant à la dette publique globale, celle-ci dépasserait le seuil de 90% du PIB, en hausse de près de dix points par rapport à un an auparavant.

Pour 2021, la croissance devrait toutefois nettement rebondir: le Produit Intérieur Brut du Maroc devrait enregistrer une croissance de 4,4% en 2021. Toutefois, prévient le HCP, «les perspectives économiques établies supposent la fin de la pandémie du Covid-19 en décembre 2020, et se basent sur un scenario moyen de la production agricole durant la campagne 2020/2021».

Par Amine El Kadiri
Le 13/07/2020 à 08h47