Avec une contribution de 183,4 milliards de dirhams en 2020, la région de Rabat-Salé-Kénitra occupe une place de choix dans l’économie marocaine. La région concentre aussi une importante partie de l’activité entrepreneuriale dans le Royaume. Avec 43.413 entreprises, soit 14,7% du total des entreprises déclarées à la Direction générale des impôts (DGI) à l’échelle nationale, la région se positionne en deuxième position en termes d’activité entrepreneuriale.
Et malgré une augmentation du nombre des entreprises en dissolution, cette activité continue de participer à la création de valeur ajoutée et d’emplois. C’est ce qui ressort de l’édition 2023 de l’étude de l’Observatoire marocain de la très petite, petite et moyenne entreprise (OMTPME) sur le tissu entrepreneurial dans la région Rabat-Salé-Kénitra.
A noter que les résultats de cette étude, qui s’inscrit dans le cadre d’une série de rapports régionaux, sont établis en fonction des données relatives à l’activité entrepreneuriale en 2020 et 2021.
9.590 entreprises créées, dont plus de 46% dans le commerce et la construction
Le nombre des entreprises personnes morales (EPM) nouvellement créées dans la région de Rabat-Salé-Kenitra est passé de 7.980 en 2020 à 9.590 en 2021, soit une hausse de 20,2%. Au cours de l’année 2020 en particulier, le nombre des entreprises personnes morales actives (EPMA) ayant déposé une déclaration auprès de la DGI s’élevait à 43.413.
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Selon le baromètre de l’OMPIC (Office marocain de la propriété industrielle et commerciale) cité par l’OMTPME, la préfecture de Rabat a concentré 36,5% des créations d’entreprises, suivie de la préfecture de Kénitra (28,8%) et la préfecture de Skhirat-Témara (15,4%). Viennent ensuite les villes de Salé, Khémisset, Sidi Kacem et Sidi Slimane, qui ont accaparé respectivement 11,4%, 3,6%, 3% et 1,3% des entreprises nouvellement créées.
Par secteurs, le commerce et la construction ont concentré plus de 46% des créations d’entreprises, alors que 14% des entreprises nouvellement créées opèrent dans le transport et entreposage. Les pourcentages des nouvelles entreprises exerçant d’autres activités, telles que les services administratifs et soutien, l’hébergement et restauration, l’agriculture, sylviculture et pêche ou encore l’industrie manufacturière, restent minimes. Ceux-ci oscillent entre 1,4% et 8,1%.
En termes de forme juridique, la «société à responsabilité limitée et associé unique», ou «entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée» (SARL-AU) reste prédominante, avec 55,9% des entreprises nouvellement créées portant ce statut. Le statut «société à responsabilité limitée (SARL)» arrive en deuxième position, porté par 43,6% des nouvelles entreprises immatriculées dans la région.
Explosion des dissolutions
En 2021, 1.346 entreprises étaient en cours de dissolution dans la région Rabat-Salé-Kénitra, un nombre en augmentation de 53,4% par rapport à une année auparavant (877). Notons que ce chiffre est plus élevé que celui enregistré en 2019 et qui s’élevait à 1.066.
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C’est encore la préfecture de Rabat qui concentre le plus grand nombre de dissolutions d’entreprises, soit 44,3%. La préfecture de Kénitra arrive en deuxième place avec 24,9%, suivie de Skhirat-Témara (12,8%), Salé (10,5%), Khémisset (3,9%), Sidi Kacem (2,7%) et Sidi Slimane (1%).
Les secteurs les plus touchés par les dissolutions d’entreprises en 2021 étaient le commerce, réparation d’automobile et de motocycles et les activités spécialisées, scientifiques et techniques. Le troisième plus important nombre de dissolutions a concerné les entreprises s’activant dans le secteur de la construction (14,5%).
Chiffres d’affaires, export, valeur ajoutée… des indicateurs mitigés
Les données de l’OMTPME font ressortir un léger recul du chiffre d’affaires des entreprises de la région de Rabat-Salé-Kénitra en 2020. Celles-ci ayant généré un chiffre d’affaires global de 250,3 milliards de dirhams, la baisse est de 4,4% en glissement annuel. La province de Rabat a généré, à elle seule, 63% de ce chiffre d’affaires, alors que les entreprises s’activant dans les secteurs du commerce et réparation d’automobiles et de motocycles et de la production et distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné en ont généré près de 40%.
A l’export, le chiffre d’affaires réalisé par les entreprises de la région a augmenté de 21,2% en glissement annuel, avec un montant global de 40 milliards de dirhams en 2021. La province de Kénitra concentre plus de 65% de ce montant. Les secteurs de l’industrie manufacturière, du commerce et de la réparation d’automobiles et de motocycles contribuent à environ 76% du chiffre d’affaires global à l’export de la région.
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Quant à la valeur ajoutée, le rapport de l’OMTPME fait ressortir une baisse annuelle de 2%. Les entreprises de la région ont, en effet, généré une valeur ajoutée de 72,4 milliards de dirhams, dont 74% par les entreprises de la préfecture de Rabat. Les activités de production et distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné, d’information et communication et celles spécialisées, scientifiques et techniques contribuent à hauteur de 55,7%.
Les TPME, premières pourvoyeuses d’emplois
En 2021, 605.304 emplois ont été déclarés à la CNSS dans la région de Rabat-Salé-Kénitra. La masse salariale globale de la région s’élevait ainsi à 23,8 milliards de dirhams, dont plus de 37% était comptabilisée par les entreprises employant un effectif supérieur à 500 salariés.
Les très petites, petites et moyennes entreprises demeurent les premières pourvoyeuses d’emplois, avec 70,4% des effectifs déclarés par les entreprises réalisant moins de 175 millions de dirhams de chiffre d’affaires. Le rapport souligne que 87,5% des entreprises de la région comptent un effectif ne dépassant pas 10 salariés, alors que ce sont les TPME dont l’ancienneté est supérieure à 5 ans qui génèrent 56% du total des emplois déclarés.
Catégorie d’entreprises | Part d’emplois déclarés en 2019 | Part d’emplois déclarés en 2020 | Part d’emplois déclarés en 2021 |
---|---|---|---|
Micro entreprise (0 à 3 employés) | 14% (Plus de 60.000 emplois) | 14,9% (Plus de 63.000 emplois) | 22,7%- (Plus de 100.000 emplois) |
Très petite entreprise (3 à 10 employés) | 11,4% (Près de 49.000 emplois) | 12,1% (Plus de 51.000 emplois) | 11,9% (Plus de 55.000 emplois) |
Petite entreprise (10 à 50 employés) | 23,7% (Plus de 102.000 emplois) | 23,5% (Plus de 99.000 emplois) | 21,9% (Plus de 101.000 emplois) |
Moyenne entreprise (50 à 175 employés) | 17,7% (Plus de 76.000 emplois) | 16,3% (Plus de 69.000 emplois) | 13,9% (Près de 65.000 emplois) |
Grande entreprise (>175 employés) | 33,1% (Plus de 142.000 emplois) | 33,2% (Plus de 141.000 emplois) | 29,5% (Plus de 137.000 emplois) |
Le même document relève que le secteur des services administratifs et de soutien est le principal contributeur à l’emploi dans les préfectures de Rabat et de Salé en 2021, représentant des parts respectives de 18,7% et 29,7%. En revanche, dans la préfecture de Khémisset et la province de Kénitra, c’est le secteur de l’agriculture, sylviculture et pêche qui occupe la première place, avec des parts respectives de 42,9% et 32,2% en 2021.
L’accès au financement bancaire tributaire de la taille et l’âge de l’entreprise?
En 2020, les fonds propres ont constitué la première source de financement des petites et très petites entreprises, avec des parts respectives de 36,8% et 31%. Celles-ci accaparaient près de 40% de l’encours total des crédits bancaires, alors que 60% de ces crédits ont été accordés aux grandes entreprises.
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Un autre constat indique que plus l’entreprise est jeune, plus la part des crédits bancaires diminue. En chiffres, près de 69% de l’encours des crédits est octroyé à des EMPA âgées de plus de 10 ans, alors que celles âgées de moins de 10 ans ont obtenu à peine 2,2% de l’encours des crédits.
A peine 10% des grandes entreprises dirigées par des femmes
Bien que dépassant la moyenne nationale, l’entrepreneuriat féminin dans la région de Rabat-Salé-Kénitra reste faible. Seules 22,8% des entreprises sont dirigées par des femmes, contre une moyenne nationale de 16,2%. Aussi, le nombre d’entreprises dirigées par des femmes diminue quand on passe des micro aux grandes entreprises. Alors que 20,2% des microentreprises et 15,4% des TPE de la région sont dirigées par des femmes, ce taux ne dépasse pas 10,1% pour les grandes entreprises.
La part des entreprises dirigées par des femmes est aussi plus importante parmi celles plus jeunes. En chiffres, 21,7% des entreprises âgées de moins de 2 ans sont chapeautées par des femmes, alors que pour celles âgées entre 6 et plus de 10 ans, ce taux ne dépasse pas 18%.
Par secteurs, l’entrepreneuriat féminin reste axé sur les activités de santé humaine, d’action sociale et de coiffure et soins de beauté, avec respectivement 48% et 28%.