Face à la gravité de la situation, le Maroc n’a plus de temps à perdre. Le 16 janvier, le roi Mohammed VI a présidé une réunion consacrée à la problématique de l’eau dans un contexte marqué par un déficit notable en matière de précipitations et une très forte pression sur les ressources hydriques à travers les régions du royaume. «Et l’exposé du ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, devant le roi fut pour le moins glaçant: de septembre 2023 à la mi-janvier 2024, le déficit pluviométrique est de 70% par rapport à la moyenne», écrit le magazine Jeune Afrique.
Autre indicateur alarmant, le taux de remplissage des barrages qui est au plus bas. La pénurie est telle que des mesures de restriction de l’eau d’irrigation, voire de l’eau potable ont été prises dans certaines communes. Les voisins maghrébins sont tout aussi affectés par le stress hydrique.
Le Maroc a élaboré un plan d’action d’urgence. Outre la mobilisation des ressources des barrages, le Royaume mise plus que jamais sur le dessalement de l’eau de mer, un procédé qui permet déjà au pays de produire annuellement 192 millions de m3 à travers 15 stations de différentes tailles. «Le géant des phosphates OCP dispose également de trois stations de dessalement qui lui fournissent non seulement l’intégralité de ses besoins en eau mais lui permettent aussi de couvrir les besoins de deux villes (El Jadida et Safi)», lit-on.
Pour passer à la vitesse supérieure, le Maroc a lancé plusieurs autres projets d’envergure, comme la station de Casablanca d’une capacité de 548.000 m3 par jour –extensible à 822.000 m3, soit 300 millions de m3 par an–, celle de Nador (250 millions de m3 par an) que lorgne entre autres le groupe émirati Taqa Morocco, ou encore celle de Dakhla.
L’Algérie a également encadré l’utilisation de l’eau et renforcé sa politique de dessalement de l’eau de mer. Le nombre de stations sera porté à 19 à fin 2024, selon des déclarations officielles algériennes. Selon celles-ci, le pays produit 2,1 millions de m3 d’eau potable par la technique du dessalement. Le pays aspire à couvrir 60% de ses besoins en eau potable via le dessalement de l’eau de mer, contre 18 % actuellement.
La Tunisie, elle aussi, veut trouver des solutions à sa pénurie d’eau, ce qui a déjà donné lieu à plusieurs mesures de restriction d’eau potable et d’irrigation. «Le 9 janvier, le secrétaire d’Etat chargé des ressources en eau s’est d’ailleurs rendu dans la ville de Zarat, à une quarantaine de kilomètres de Gabès, pour insister sur l’accélération des travaux de la station de dessalement dont le marché a été attribué en 2018 à l’indien Va Tech Wabag», lit-on encore.
Vers 2030, après l’achèvement des grands projets de dessalement de l’eau de mer qui sont en cours de réalisation, à Gabès et Sousse, à Sfax, à Mahdia, à Kerkennah, etc., la capacité de dessalement du pays atteindra les 875.000 m3/j, dont 80 % proviennent de l’eau de mer. La part du dessalement dans l’approvisionnement en eau potable passera à 35% en 2030, contre 8,5% actuellement, promettent les autorités tunisiennes.