Après une longue période de morosité à cause des effets de la crise sanitaire et malgré un redressement de l’économie nationale en 2021, les perspectives de croissance sombrent à nouveau, alourdies par l’impact de la crise en Ukraine et la perturbation des chaînes de valeurs mondiales. S’y ajoute une faible campagne agricole due à des précipitations basses cette année.
Dans ces conditions, la croissance économique nationale ne devrait pas dépasser 1% à fin 2022. Toutefois, certains secteurs arrivent à tirer leur épingle du jeu en renouant avec la croissance en ce premier semestre de l’année.
Textile, automobile, aéronautique... L’industrie nationale résiste
L’industrie nationale a montré une forte résilience depuis le début de l’année malgré l’envolée des cours des matières premières et la perturbation des chaînes logistiques. Durant les quatre premiers mois de l’année, les exportations de textile et cuir se sont accrues de 33,6% à 14,5 milliards de dirhams, dépassant ainsi les exportations réalisées par ce secteur durant la même période depuis l’année 2018. Cette évolution est attribuable à la hausse des ventes des principaux segments de ce secteur, en l’occurrence les vêtements confectionnés (+37,6%), les articles de bonneterie (+29,7%) et les chaussures (+28%), selon les derniers chiffres de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF).
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Même tendance du côté du secteur automobile, où les exportations ont affiché un bon comportement avec une hausse de 12,9% à 32 milliards de dirhams, dépassant leurs niveaux enregistrés durant la même période entre 2018 et 2021. Cette évolution résulte principalement de l’accroissement des ventes de construction (+31,5%).
De leur côté, les exportations du secteur de l’aéronautique ont marqué une hausse de 64,1% à 7,4 milliards de dirhams, dépassant leurs niveaux enregistrés durant la même période entre 2018 et 2021. Cette évolution est basée sur une hausse des exportations relatives à l’assemblage de 80,5% et de celles de l’EWIS (Système d'interconnexion de câblage électrique) de 35,5%.
Le tourisme voit enfin le bout du tunnel
C’est un ouf de soulagement que les opérateurs du tourisme ont soufflé mardi 17 mai 2022 à l’annonce de la suspension de l’obligation du test PCR à l’entrée du territoire national. Depuis, tous les indicateurs du secteur sont dans le vert avec de bonnes perspectives pour la saison estivale.
D’après les derniers chiffres communiqués par la ministre du Tourisme, Fatim-Zahra Ammor, les recettes du secteur, à fin mai, affichent un taux de récupération de 71% par rapport à 2019. Le nombre de touristes a atteint 2,3 millions, soit un taux de récupération de 52% par rapport à 2019.
S’agissant du nombre de nuitées dans les établissements d’hébergement touristique dans les régions, la ministre a souligné qu’il a triplé à Marrakech et Agadir et doublé dans plusieurs autres destinations comme Tanger, Errachidia, Dakhla, Rabat et Casablanca. Le taux de récupération des nuitées a même atteint 100% à Laâyoune.
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Dans l’ensemble, les recettes voyages ont dépassé 12,88 milliards de dirhams à fin mai 2022, selon les derniers chiffres de l’Office des changes.
Excellente performance des phosphates Les ventes des phosphates et dérivés cartonnent toujours. Elles ont presque doublé pour atteindre plus de 47,62 milliards de dirhams à fin mai dernier contre 24,27 milliards de dirhams à fin mai 2021, selon la dernière note d’information de l'Office des changes.
Cette évolution s'explique principalement par l'augmentation des ventes des engrais naturels et chimiques (+17,96 milliards de dirhams) due à l'effet prix qui a plus que doublé (8.354 dirhams la tonne à fin mai 2022), a indiqué l'Office, notant néanmoins que les quantités exportées ont baissé de 10,2%.
L’effet prix s’explique principalement par la hausse des cours du phosphate brut qui ont atteint 255 dollars la tonne en mai, leur plus haut niveau depuis 2009, en hausse de 2,2% sur un mois et de 149% depuis un an. L’envolée des prix des produits phosphatés s’explique par une combinaison de facteurs, notamment la forte demande de l’Inde et des pays d’Amérique latine, la perturbation des approvisionnements depuis la Russie et la suspension des exportations chinoises jusqu’en juin 2022, selon la DEPF.
La flambée des prix des engrais phosphatés est accentuée par la hausse des coûts des intrants (ammoniac, soufre), de l’énergie et du transport ainsi que par des cours élevés des récoltes (blé, maïs, soja).