Coface dresse la cartographie des risques du continent

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L’assureur crédit Coface a présenté en exclusivité son guide risque-pays Afrique 2016 aux membres de l’écosystème de Casablanca finance city (CFC). Fortement impacté par l’évolution des matières premières en 2015, les économies africaines sont appelées à se diversifier.

Le 10/02/2016 à 18h29

Après une croissance économique de l’ordre de 3,5% enregistrée par les économies africaines en 2015, soit le plus faible taux depuis 9 ans, à cause d’une conjonction de facteurs dont particulièrement la chute des cours des matières premières (pétrole, mines, etc.), les opérateurs économiques et les investisseurs manquent un peu de visibilité quant aux perspectives de croissance du continent.

Pour éclairer les membres de son écosystème, Casablanca Finance City Authority (CFCA), en partenariat avec l’assureur crédit Coface, a organisé, le mardi 9 février, une conférence sur le thème «Défi de la croissance africaine: cartographie des risques 2016».

L’occasion pour la Coface de présenter en exclusivité son guide-risque Afrique 2016 où elle a passé en revue les grandes tendances mondiales 2016 et les impacts sur les principales économies africaines.

Forte dépendance des matières premièresSelon Jean-Christophe Battle, Directeur général Afrique du groupe Coface, au niveau mondial, la croissance devrait s’établir autour de 2,7%, contre 2,5% en 2015. La faute aux pays émergents dont la croissance ne devrait pas dépasser 3,7% (3,5% en 2015) à cause des croissances négatives des économies brésilienne et russe et le ralentissement de l’économie chinoise. Cette faible croissance des économies émergentes va impacter négativement sur les économies africaines.

Et pour cause, si le continent pèse peu sur les changes commerciaux mondiaux, «il faut noter que 60% de ses exportations reposent sur des matières premières non renouvelables», a expliqué Battle. Or, ces matières premières (pétrole, fer, or, etc.) ont vu leur cours dévisser considérablement en 2015 avec à la clé des impacts sur la croissance des pays.

Du coup dans l’échelle de l’attractivité des continents, «l’Afrique a été recalée à la 3ème place par Coface alors qu’elle occupait le premier rang», soutient Battle.

Et avec une croissance de 3,5% en 2015, le continent affiche ses limites et plusieurs risques sont pointés du doigt pour 2016 dont l’impact de la baisse des cours des matières premières, les effets des crises politiques alimentés par les nombreuses échéances électorales (16 élections présidentielles en 2016), terrorisme et insécurité, etc.

A ces facteurs s’ajoute aussi la problématique d’accès au crédit des entreprises constituées essentiellement de PME et les arbitrages des investisseurs en faveur d’autres placements dans d’autres pays moins risqués.

Opportunités

Seulement, selon le directeur général de la Coface Afrique, l’Afrique reste un continent attractif : les besoins en infrastructures sont colossaux, la classe moyenne forte de 350 millions d’habitants a des besoins de consommation importants, 40% de la population est urbaine avec des besoins en infrastructures (hôpitaux, écoles, assainissement, etc.) etc. «Le continent recèle des opportunités d’investissement et d’affaires importants», soutient–il.

Dans ces conditions, pour 2016, la Coface mise sur une croissance de l’ordre de 4,2% pour le continent. Toutefois, tous les pays ne seront pas logés dans la même enseigne. Les pays ayant diversifié leurs économies devraient mieux s’en sortir et continuer à attirer les investissements directs étrangers.

Dans ce lot, Coface place le Maroc, l’Ethiopie, l’Ouganda, le Kenya, la Côte d’Ivoire, etc. Par contre, ceux dont les économies reposent sur uniquement les matières premières non renouvelables continueront à souffrir de cette conjoncture. C’est le cas de l’Angola, du Niger, du Nigéria, du Congo, de la Guinée, de la RDC, de l’Algérie, etc. «A titre d’exemple, l’Algérie qui a bâti son budget sur l’hypothèse d’un baril à 90 dollars s’est retrouvé dans des difficultés budgétaires énormes en 2015», a soutenu le directeur général Afrique de la Coface.

Côte d’Ivoire et Kenya en pôle

Dans ce contexte, et malgré une croissance 2016 qui s’annonce morose, la Coface maintient la note A4 pour la Maroc qui bénéficie d’une vision claire et d’une économie diversifiée.

Outre le Maroc, deux pays africains figurent parmi ceux que les investisseurs et opérateurs économiques doivent avoir dans leurs visées : la Côte d’Ivoire et le Kenya. La Côte d’Ivoire qui pèse environ 50% du PIB de la région UEMOA –Union économique monétaire ouest africain- «est un marché suffisamment stable et diversifié avec un système bancaire solide et liquide et des investissements directs étrangers en croissance», a expliqué le directeur général de Coface Afrique.

Un marché où les Marocains sont déjà fortement présents dans divers secteurs (banques ciments, immobilier, NTI, etc.). Idem pour le Kenya qui dispose d’un PIB de plus de 60 milliards de dollars et une population de plus de 45 millions d’habitants. «Si le pays a fait face à un déficit hydrique en 2015 qui a plombé sa croissance, le pays offre de nombreuses opportunités aux investisseurs notamment aux niveaux des infrastructures, de l’accès à l’électricité, etc.», conclut–il.

Par Moussa Diop
Le 10/02/2016 à 18h29