Demain, l’heure sera au verdict à la CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc). Ce lundi 28 octobre, en effet, sera celui du premier conseil d’administration du patronat, décidé lors d’une réunion de concertation suite au départ de Salaheddine Mezouar en tant que président. Un départ, on s’en souvient, annoncé suite à sa monumentale gaffe diplomatique, commise à Marrakech, lors d’un forum organisé par le think tank du groupe OCP, alors qu’il s’était permis, au pupitre, de commenter les évènements en cours en Algérie. Le tout, en sachant bien que le Maroc, dans toutes ses instances représentatives confondues, s’interdit toute forme d’immixtion dans les affaires internes du voisin de l’Est.
Demain, donc, ils seront ainsi 72 membres de droit, soit essentiellement les présidents des fédérations et des régions, tels que le stipulent les statuts de la Confédération, à pouvoir se prononcer sur le scénario de l’après-Mezouar. Les 24 membres désignés, qui l’avaient d’ailleurs été par le désormais ex-président, ne sont nullement concernés.
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L’ordre du jour, établi le 16 octobre dernier lors d’une réunion préparatoire du Conseil d’Administration de demain se présente ainsi:- le constat de la démission du Président.
- L'approbation de la nomination d'un Directeur Général Délégué de la CGEM.
- L'organisation de la future élection.
- La gestion des affaires courantes et de la gouvernance de la confédération.
- Les propositions de la CGEM pour le Projet de Loi de Finances 2020.
- Un bilan de la deuxième édition de l’Université d'été de la CGEM.
- La nomination du Président par intérim de la Commission Financement.
- La reconduction du mandat du Président de la fédération "Marocains entrepreneurs du monde" de la CGEM.
- Enfin, une initiation du processus électoral, en vue de l'élection du président de la Fédération de l’Enseignement Privé de la confédération.
Le point majeur reste la désignation du président par intérim de la CGEM, ou d'un conseil collégial chargé de gérer la période de transition qui mènera ensuite à l'élection du prochain président du patronat marocain.
De sources bien informées, Le360 apprend que le scénario le plus probable, en attendant le délai légal imposant l’élection d’un nouveau président trois mois après la notification de départ de l’ancien, sera celui d’un collège de transition. Et tout porte à croire qu’il s’agira d’un quartet, soit un président de région, un président de fédération, un président de commission et un membre du groupe parlementaire de la CGEM. Ce même quartet devra s’assurer de la bonne marche de l’organisation patronale et de sa représentativité vis-à-vis des pouvoirs publics et des syndicats, jusqu’à la date d’expiration du délai susmentionné, avant la nouvelle élection d’un futur président.
Rappelons que c’est dans un courrier électronique adressé, le dimanche 13 octobre 2019 aux membres de la Confédération, que Salaheddine Mezouar avait annoncé sa démission, et affirmé avoir pris cette décision pour "des raisons de contraintes personnelles majeures".
L’ancien patron des patrons avait été, le même jour, vivement critiqué par le gouvernement, par voie de communiqué, après ses commentaires qu’il a faits sur la situation en Algérie, la veille à Marrakech, lors d’un panel dans le cadre d’une conférence internationale du World Policy Center de l’OCP.
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Cette démarche avait été qualifiée d’ "irresponsable, maladroite et irréfléchie" par le ministère des Affaires étrangères, de la coopération internationale, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger.
La CGEM, avait précisé le communiqué, "ne peut se substituer au gouvernement de SM le Roi dans la prise de positions sur les questions internationales et notamment les développements dans ce pays voisin", ajoutant que la position du royaume à ce sujet est "claire et constante".
"Le Royaume du Maroc a, en effet, décidé de s’en tenir à une attitude de non-ingérence par rapport aux développements en Algérie. Le Maroc s’abstient de tout commentaire à ce sujet. Il n’a ni à se mêler des développements internes que connaît ce pays voisin, ni à les commenter de quelque manière que ce soit", avait conclu ce communiqué.