Cafés et restaurants: à cause de la crise sanitaire, un quart des établissements ont définitivement baissé le rideau

Les propriétaires de cafés et de restaurants déplorent une baisse de 60% de leur chiffre d'affaires depuis le début de la pandémie.

Les propriétaires de cafés et de restaurants déplorent une baisse de 60% de leur chiffre d'affaires depuis le début de la pandémie. . DR

L’Association nationale des cafés et restaurants au Maroc alerte le gouvernement sur la grave crise financière que traverse le secteur, durement impacté par les effets de la pandémie de coronavirus. Un plan de sauvetage détaillé a été adressé aux membres de l’exécutif et aux parlementaires. Explications.

Le 02/05/2021 à 21h15

La pandémie de Covid-19 et les mesures restrictives qui l'ont accompagnée ont eu un impact dévastateur sur l’activité des cafés et restaurants. A en croire l’Association nationale des cafés et restaurants au Maroc, «près de 25% des cafés et restaurants du pays ont été contraints de fermer définitivement leurs portes, en raison de leur incapacité à suivre le rythme des décisions gouvernementale». D’après les estimations de cette même association, les revenus des cafés et restaurants ont chuté de 60% depuis le début de la pandémie, et un grand nombre d’employés ont été licenciés.

«Les professionnels du secteur n’ont pas été en mesure de suivre le rythme des décisions gouvernementales liées à la pandémie, dont la fermeture des cafés à des horaires précoces, l’interdiction de diffuser des matchs de football, ou encore la limitation de la capacité d’accueil à seulement 50 % de la capacité totale», déplore l’association, dans un mémorandum adressé au gouvernement et aux parlementaires. Le couvre-feu du ramadan, imposé par le gouvernement pour lutter contre la propagation du Covid-19, a par ailleurs aggravé la situation financière, déjà fragile, des cafetiers et restaurateurs.

Dans son mémorandum, l’Association préconise une série de mesures susceptibles de permettre à ses membres de résister à la crise et d’alléger leurs charges financières. Le document propose ainsi d’indemniser l’ensemble des salariés déclarés à la CNSS dans les plus brefs délais, et d’indemniser les salariés non déclarés selon une liste élaborée par l’employeur, avec un engagement de celui-ci de les garder pour au moins 6 mois.

L’association demande aussi à l’Etat de prendre en charge les cotisations mensuelles auprès de la CNSS à hauteur de 50 %, et ce, depuis le début de la pandémie jusqu’à sa fin. Pour les employés ayant perdu leur travail à cause de l’arrêt d’activité, l’Association des patrons recommande à l’Etat de les indemniser à hauteur de 30% de leur salaire jusqu’à la fin de la pandémie. La prolongation des exemptions de pénalités et d'amendes liées à la CNSS pour une période de deux ans après la pandémie, est également demandée dans ce mémorandum. 

Sur le volet fiscal, les cafetiers et restaurateurs réclament des aménagements en ce qui concerne le paiement de la contribution professionnelle unique (CPU). Ainsi, ils demandent à être exemptés de la taxe professionnelle et de la taxe des services communaux, et de ne payer par conséquent que le droit complémentaire relatif à la cotisation sociale couvrant l’Assurance maladie obligatoire. Une exonération des taxes sur les débits de boissons et sur l’exploitation du domaine public, est également préconisée.

Pour ce qui est des loyers impayés, l’Association nationale des cafés et restaurants au Maroc préconise de bloquer l’ensemble des jugements d’expulsion des locataires. L'association appelle enfin à une prolongation des heures de travail jusqu’à 23 heures après le mois de Ramadan, et une profonde mise à jour des lois régulant le secteur.

Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Moulay Hafid Elalamy, avait annoncé le 19 avril dernier au Parlement qu’une indemnité spéciale sera mise en place pour les professions impactées par le couvre-feu ramadanesque. Cette aide tarde à voir le jour, et les professionnels de la restauration s'impatientent.

Par Khalil Ibrahimi
Le 02/05/2021 à 21h15