D’habitude, ils ne désemplissaient pas une fois le soir venu, en cette période du mois sacré de ramadan. Mais face au couvre-feu nocturne décrété par les autorités (valable de 20 h à 6 h), afin de juguler la pandémie du Covid-19, les propriétaires des cafés et restaurants n’auront d’autre choix, dès demain, mercredi 14 avril, que de fermer boutique après la rupture du jeûne.
Un coup dur que certains tentent aujourd’hui de contourner en se convertissant dans d’autres activités, diurnes. C’est ainsi que nombreux d’entre eux se lancent dans le commerce de fruits et légumes, ou encore de gâteaux et de mets propres au ramadan. Une façon de maintenir un semblant d’activité et générer des revenus on ne peut plus vitaux, pour eux comme pour leurs employés.
Lire aussi : Humour: le rappeur Don Bigg appelle à "boycotter le jeûne" en solidarité avec les propriétaires de cafés
«Nous continuons de payer les pots cassés de l’arrêt imposé lors du premier confinement puis de la réduction de notre clientèle suivant les mesures sanitaires. C’est pour cela que j’ai décidé de me lancer dans la fabrication de shebakia et de msemen. C’est une question de survie en sachant qu’autour de moi, au quartier Sbata, ils sont neuf cafés à avoir mis la clef sous la porte», explique Hafid Najib, ajoutant que bien avant, l’obligation de se limiter à 50% de la capacité d’accueil de son établissement et l’interdiction de retransmettre les matchs de football l’ont durement impacté.
Lire aussi : Les propriétaires de cafés et de restaurants suspendent leur grève: voici pourquoi
Nawass Mustapha a, lui, décidé de se lancer dans la vente de fruits et légumes. «Je le fais pour tenter de couvrir les charges, lourdes, liées au mois sacré mais aussi pour assurer un minimum de revenus à mes employés», nous dit-il. Egalement propriétaire d’un café, Achraf Lachhab abonde dans le même sens. «Pour ne pas avoir à fermer boutique, j’ai dû jusqu'ici financer mon activité à partir de mes deniers personnels. Aujourd’hui, je n’en ai plus les moyens. Il faut donc se débrouiller en faisant autre chose», témoigne le jeune homme.
De là à parler de l’obligation qu’ont ces patrons de café à déclarer leurs employés auprès la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale) de manière à les faire profiter du dispositif d’aide financière de l’Etat, il y a tout un chemin à parcourir. «Je veux bien, mais avec six employés, et par cette période de grande crise, la charge est tout simplement insurmontable», nous avoue Achraf Lachhab. Ce qu’il faut, plaident les propriétaires que Le360 a interrogés, c’est une révision à la baisse des taux de cotisations.