Un matin ordinaire au Maroc: le soleil se lève, dessinant des ombres chatoyantes sur les murs des médinas. Dans la main d’un passant, une tasse de café fumant… dont le prix a pratiquement doublé depuis l’année dernière. Pourquoi, donc, cette augmentation?
Tout d’abord, mère Nature y a été de son grain de sel dans les tourments de nos neurones caféinés… et de nos portefeuilles. «La météo n’a pas été clémente envers les pays producteurs de café. Les épisodes de sécheresse ayant sévi en Indonésie, au Vietnam et en Colombie ont fait grimper les cours mondiaux du café de 25%, voire 35%», explique d’emblée Mohamed Astaïb, président de l’Association marocaine des industriels du thé et du café (AMITC).
Mais la météo, ou le réchauffement climatique, n’est qu’une partie de ce rébus complexe. La danse des saveurs évolue, et avec elle, celle des palais. Le café fait désormais des adeptes toujours plus nombreux, même là où on l’attendait le moins. «Depuis quelques années, on a remarqué une consommation en nette hausse même dans des pays traditionnellement peu consommateurs, à l’instar de la Chine», note notre interlocuteur. Et comme tout bon thriller économique, l’intrigue se corse: offre stagnante, demande en surchauffe... Les ingrédients sont là pour que les prix s’envolent.
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Et ce n’est pas fini. Les consommateurs doivent également compter avec l’augmentation des coûts d’emballage, qui ont presque doublé depuis 2021, passant de 40-45 dirhams à 70-80 dirhams le kilogramme. Résultat des courses: le kilogramme de café a vu son prix passer de 15 à 25 dirhams, a minima selon les variétés (Robusta ou Arabica). «Pour autant, les opérateurs marocains, conscients de l’attachement des citoyens à leur boisson, n’ont répercuté cette hausse que partiellement. Une augmentation de 5 à 10 dirhams le kilogramme seulement, pour atténuer le choc», signale le président de l’AMITC.
40.000 tonnes importées par an
En amont, pour faire face à la volatilité de certains marchés, les industriels ont pris les devants en diversifiant leurs sources d’importations, afin de sécuriser leur approvisionnement. De la Colombie au Kenya, en passant par l’Indonésie et la Côte d’Ivoire, l’éventail des pays fournisseurs est large. Une judicieuse initiative, quand on sait que les Marocains consomment majoritairement du Robusta (90%), moins coûteux que le noble Arabica.
Toutefois, malgré ces enjeux, le Maroc reste fidèle à ses traditions. Si la consommation moyenne de café reste modeste au Maroc (40.000 tonnes importées par an, soit un kilogramme consommé par personne), comparée à celle de ses voisins, c’est que nos concitoyens préfèrent finalement siroter un verre de thé plutôt qu’une tasse d’espresso.
À l’aube d’une nouvelle récolte, opérateurs et consommateurs sont dans l’expectative, et croisent les doigts en espérant une baisse des prix. En attendant, peut-être est-il temps de (re)découvrir les charmes subtils du bon vieux thé à la menthe?