Nouveau changement dans le système de restitution des importations de blé tendre au Maroc. Dans un communiqué daté du 28 juillet, l’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL) annonce qu’«à partir du 1er août 2023, le prix de revient moyen retenu, pour le calcul de la prime forfaitaire, correspond à la moyenne des prix de revient de l’origine la plus basse des prix de revient pour les origines Allemagne, Argentine, France et USA».
En clair, l’objectif de cette circulaire est d’aligner la restitution forfaitaire du blé russe sur les autres origines, afin d’inciter les importateurs marocains à s’approvisionner depuis la mer Noire, notamment la Russie, l’Ukraine ne pouvant plus exporter depuis la suspension du corridor sur cette mer par Moscou, le 17 juillet dernier.
Il existait jusque-là une prime forfaitaire Russie/Ukraine qui était très basse, et une autre plus avantageuse pour les quantités de blé importées depuis le reste du monde. Désormais, ce sera la même restitution pour toutes les importations.
Rappelons que dans une circulaire publiée le 8 mars dernier, l’ONICL avait déjà annoncé un changement majeur dans son régime de subvention à l’importation de blé tendre, afin d’encourager les industriels marocains à se tourner vers les pays d’Europe de l’Est. «La prime forfaitaire calculée pour un mois donné est appliquée aux importations dont le chargement, à partir du port de provenance, a lieu entre le 1er et le dernier jour du même mois», avait indiqué l’office. Auparavant, les navires devaient arriver au Maroc avant la fin du mois.
Contacté par Le360, un négociant marocain salue cette décision, mais remarque que celle-ci coïncide avec la guerre russo-ukrainienne. Un contexte particulier notamment marqué par le bombardement du port d’Odessa qui contraint les assureurs à refuser le risque de guerre et dissuade les navires d’accoster en mer Noire, surtout après les menaces de Vladimir Poutine envers les bateaux présents dans cette zone, considérés comme des navires militaires.
Dans une autre circulaire datée du 23 juin, l’ONICL annonçait la mise en place d’une prime forfaitaire en faveur des importateurs de blé tendre en provenance de la Russie, de l’Ukraine, de la France, de l’Allemagne, de l’Argentine et des Etats-Unis, afin de faciliter l’importation de 2,5 millions de tonnes de cette céréale entre le 1er juillet et le 30 septembre.
L’objectif des 2,5 millions de tonnes compromis
Cet objectif pourrait ne pas être atteint, étant donné que les négociants marocains n’ont importé que 676.000 tonnes en juillet, dont plus de 418.000 tonnes de la France et plus de 161.000 tonnes d’Allemagne. Sachant par ailleurs que pas un grain de blé n’a pu être importé en juin en raison de la suspension de la prime forfaitaire au cours de ce mois, et de l’envolée inattendue des cours internationaux.
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En suspendant la prime forfaitaire en juin, le gouvernement s’attendait à une baisse des coûts internationaux du blé tendre sur le marché international, ce qui permettrait d’importer les 2,5 millions de tonnes afin de constituer un stock entre octobre et décembre 2023. Mais au vu du contexte actuel, marqué par la flambée des prix de l’«or brun» sur le marché mondial, le risque est grand de ne pas relever ce défi.
«Une fermeture du corridor d’exportation ukrainien risque de renchérir les prix du blé et du maïs sur le marché mondial, ce qui désavantagerait beaucoup de pays importateurs de ces céréales», alertait Omar Yacoubi, président de la Fédération nationale des négociants en céréales et en légumineuses (FNCL), dans une déclaration pour Le360.