Analyse de la loi de finances. EP2. Ces incompressibles dépenses ordinaires de l’État

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Après les recettes, c’est au tour des dépenses d’être décortiquées dans cette série d’articles consacrée au projet de loi de finances 2021. Et en la matière, la marge de manœuvre semble très réduite.

Le 22/10/2020 à 11h30

Faire tourner un Etat est une affaire de gros sous et coûte cher d’année en année. Mis à part les investissements prévus, les dépenses ordinaires de Maroc SA devraient s’élever à plus de 254 milliards de dirhams. C’est 31 milliards de dirhams de plus par rapport aux dépenses ordinaires de la loi de finances 2018, soit une hausse de 14%.

En laissant de côté les dépenses en intérêts et commissions se rapportant à la dette publique (restant généralement stable aux alentours de 28 milliards), c’est le budget de fonctionnement qui absorbe 89% des dépenses ordinaires du budget général. Et dans cette rubrique, ce sont bien évidemment les salaires des fonctionnaires qui pèsent lourd.

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De prime abord, cette masse salariale publique a augmenté de 28% depuis 2018, soit quelque 31 milliards de dirhams. Mais ce chiffre inclut quelque 18 milliards de dirhams de cotisations sociales que l’Etat employeur verse aux régimes de retraite et de prévoyance sociale et qui étaient auparavant intégrés dans les charges communes. En incluant ces cotisations sociales, près de 140 milliards seront déboursés en 2021 au profit des fonctionnaires civils et militaires.

L’autre composante importante dans le budget de fonctionnement est relative aux dépenses diverses et à l’acquisition de matériel. Sur cette rubrique, le ministère des Finances cherche à compresser au maximum: son niveau en 2021 sera réduit de 10 milliards de dirhams en comparaison avec les dépenses budgétisées en 2018. Il faut alors espérer que les administrations se montrent moins «dépensives».

Cette volonté de réduire le train de vie de l’Etat est également perceptible dans la rubrique des charges communes (hors cotisations sociales). L’argentier du Royaume cherche depuis l’année dernière à les stabiliser aux alentours de 25 milliards de dirhams. Il n’empêche que le département des Finances se garde une marge de manœuvre, en prévoyant des dépenses imprévues et des dotations provisionnelles de 4,1 milliards. C’est plus que le double de ce qu’il prévoyait en 2018. Les temps sont devenus si incertains…

Par Amine El Kadiri et Youssef El Harrak
Le 22/10/2020 à 11h30