Lors de la séance des questions orales du lundi 24 novembre 2025 à la Chambre des représentants, Fatima Zahra El Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, a été amenée à faire l’état des lieux du programme de logement social. Elle a indiqué que ce dispositif, lancé en 2010, a vu sa période contractuelle officiellement s’achever en 2020, tout en précisant que la production de logements se poursuit toujours selon les mêmes cahiers des charges.
Répondant à une question du groupe parlementaire du Parti du progrès et du socialisme, la ministre a noté que 2,1 millions de logements ont été contractualisés depuis le lancement du programme, dont 716.331 unités déjà commercialisées, soit une moyenne annuelle de 47.055 unités. Depuis 2020, ce sont 264.130 logements qui ont trouvé acquéreur.
La ministre a, toutefois, relevé plusieurs limites structurelles affectant ce programme. Il s’agit notamment de la forte concentration des projets dans les grandes villes, l’obligation de produire un minimum de 500 unités en urbain et 100 en rural, l’exclusion de la classe moyenne, ou encore la prédominance d’un petit nombre de promoteurs, 80% des projets ayant été réalisés par une dizaine de sociétés seulement.
Elle a indiqué que ces constats ont conduit son département à opter pour une nouvelle stratégie, désormais matérialisée par le Programme de soutien au logement, censé mieux répondre aux besoins et aux réalités territoriales.
Le logement locatif pour les classes moyennes
En réponse à une question du groupe Haraki, la ministre a mis en avant l’importance du programme de logement locatif destiné aux classes moyennes, présenté comme un chantier stratégique pour diversifier les modes d’accès au logement.
Ce modèle, couramment adopté dans de nombreux pays, vise non seulement à offrir une alternative à l’acquisition classique, mais aussi à permettre aux ménages de privilégier l’investissement dans des activités génératrices de revenus plutôt que dans la propriété immobilière, souligne-t-elle.
Ce programme, précise-t-elle, cible en priorité les jeunes, les ménages récemment constitués ainsi que les travailleurs en mobilité géographique fréquente. Pour assurer la faisabilité du dispositif, le ministère a lancé une étude technique et financière portant sur l’analyse du marché locatif, la définition de scénarios possibles et l’élaboration d’un montage financier durable.
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La ministre a expliqué que cette étude permettra également de proposer des modèles de partenariat public-privé adaptés, ainsi que de définir les conditions d’accès, la maîtrise des loyers et le lancement de projets pilotes dans les villes à forte pression foncière avant la généralisation du programme au reste du territoire national.
Au final, l’objectif est d’instaurer un cadre réglementaire et économique attractif, capable d’encourager les investissements tout en renforçant la stabilité résidentielle des ménages ciblés, conclut-elle.
Aide directe à l’acquisition: un impact notable
Interpellée par les groupes istiqlalien et constitutionnel démocratique et social sur le bilan du programme d’aide directe au logement, Fatima Zahra EL Mansouri a rappelé les objectifs sociaux et économiques initiaux: garantir le droit au logement décent, faciliter l’accession à la propriété et renforcer le pouvoir d’achat.
Sur le plan social, les résultats sont jugés significatifs: 159.385 demandes ont été déclarées éligibles, dont 75.760 bénéficiaires effectifs à ce jour. Parmi eux, 24% sont des Marocains résidant à l’étranger, 47% des femmes, et 55% des jeunes de moins de 40 ans.
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La majorité des bénéficiaires (62%) ont obtenu une aide de 70.000 dirhams, tandis que 38% ont reçu 100.000 dirhams. La ministre a aussi noté une progression importante: le nombre moyen de bénéficiaires mensuels a augmenté de 39%, atteignant 3.818 en 2025 contre 2.749 en 2024.
Le programme a également permis de mieux desservir certaines villes longtemps marginalisées par les précédentes politiques de logement, selon la ministre: Fès (13%), El Jadida (4%), Settat (3%), Benslimane (3,5%), Oujda (3%) ou encore Berkane (2,6%).
Ces performances témoignent, souligne-t-elle, d’une meilleure répartition territoriale des efforts publics dans le domaine de l’habitat.
Des retombées économiques pour le secteur
Au niveau économique, le programme d’aide directe a eu un effet dynamisant sur l’ensemble de la chaîne immobilière, note Fatima Zahra EL Mansouri: les ventes de ciment ont progressé de 11,29%, tandis que les crédits destinés au logement ont augmenté de 3% et ceux aux promoteurs immobiliers de 4,5%.
Autre donnée clé avancée: plus de 80% des entreprises engagées dans la mise en œuvre du programme sont des TPME, ce qui contribue à stimuler la compétitivité nationale et à renforcer le tissu entrepreneurial local. Selon Bank Al-Maghrib, le secteur du BTP a généré 74.000 emplois supplémentaires grâce à la relance des chantiers.
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La ministre a également abordé la question de la ruralité, rappelant que le programme social de logement rural lancé en 2019 n’a pas atteint ses objectifs, avec seulement 2.195 unités réalisées à fin septembre 2025.
En revanche, dans le cadre du nouveau programme de soutien au logement, 4.622 bénéficiaires ruraux ont été enregistrés depuis son lancement, et le groupe Al Omrane a été mobilisé pour construire environ 3.000 logements dans 49 centres ruraux émergents.
Enfin, la ministre a annoncé qu’une mesure importante figure dans le projet de loi de finances 2026: l’intégration des propriétaires en indivision dans les bénéficiaires potentiels de l’aide, une disposition très attendue dans le monde rural.








