L’accès à l’école n’est pas une mince affaire dans certaines régions enclavées du Maroc et la chose se complique encore plus dès lors qu’il s’agit de préscolaire, en raison du faible nombre d’écoles maternelles implantées dans le pays.
Pour remédier à ce problème, quatre amis, habitant à Tahanaout, ont décidé d’agir en créant l’association à but non lucratif Chourouk, pour la création d’une école maternelle et d’une médiathèque pour enfants. Un projet mené en concertation avec les parents du Douar El Bared, inquiets pour l’éducation préscolaire de leurs enfants qui fait localement défaut.
«J’étais au Maroc entre janvier et février 2021 et je me souviens du désarroi des parents de ce village lorsque les écoles ont fermé et qu’ils s’inquiétaient du devenir de leurs enfants», se remémore Brahim Alaoui, historien d’art et président de l’association Chourouk.
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C’est ainsi que dans le petit village de Douar El Bared, aux environs de Tahanaout, les artistes Mohamed Elbaz, Fatiha Zemmouri, Abderrahim Yamou ainsi que Brahim Alaoui, ont acquis un terrain de 1.000 mètres carrés, incluant une bâtisse en ruine, afin d’y construire une école maternelle pouvant accueillir une trentaine d’enfants âgés de quatre à six ans.
Pour Mohamed Elbaz, l’enjeu de scolariser les enfants de moins de six ans est double. «On a aussi voulu faire cette école pour laisser la possibilité aux femmes de faire quelque chose d’autre que de garder les enfants pendant que leur mari travaille. En envoyant leurs enfants à la maternelle, elles pourront elles aussi travailler, sortir, vaquer à d’autres occupations… », explique l’artiste en se remémorant sa propre enfance. «C’est une chose qui m’a frappé parce que je me rappelle que quand j’étais petit, maman s’occupait de nous et elle ne pouvait rien faire d’autre. C’était le mari qui travaillait et elle, elle devait s’occuper des enfants».
Une école pas comme les autresAlliant la préservation du patrimoine local à son objectif principal, l’association Chourouk, avec le soutien de l’architecte française basée à Marrakech, Isabelle Cousy, entend restaurer le bâtiment en terre situé sur le terrain, au cœur du village, et à le transformer en salle de classe. L’établissement sera également doté d’une cuisine, d’un réfectoire et d’une médiathèque, d’espaces ouverts dédiés au jeu et à la création artistique et d’un potager pour l’initiation à la permaculture.
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L’objectif de cette initiative est d’assurer aux enfants, en partenariat avec la délégation du ministère de l’Education nationale, l’acquisition des compétences de base, celles qui leur garantiront plus tard une bonne acquisition de la lecture et de l’écriture. Dans cette école, dont l’idée est née en février 2021, l’accès à un enseignement préscolaire sera ainsi basé sur l’apprentissage par le jeu, l’art et la culture, l’alphabétisation digitale, le développement des capacités cognitives, les valeurs humanistes et l’ouverture sur le monde.
En plus de leur assurer l’acquisition des compétences de base, l’école ambitionnera ainsi d’être un lieu où les enfants pourront développer leur imaginaire, aiguiser leur curiosité, donner libre cours à leur esprit créatif, tout en apprenant à travailler en groupe.
«Notre idée, c’est d’inventer un modèle de diffusion de la culture, un projet spécifique construit autour des différentes façons de dialoguer autrement avec les enfants. Dans cette école, il y aura ainsi des artistes, des cinéastes qui viendront parler de leur art», entrevoit Mohamed Elbaz.
La solidarité pour la bonne causePour réunir les fonds nécessaires à la mise en œuvre de ce projet solidaire, les quatre amis ont tout d’abord chacun vendu une œuvre afin de financer l’achat du terrain. Puis, dans un second temps, ils ont fait appel à leurs amis artistes, lesquels ont manifesté leur soutien à l’égard de ce projet en donnant à leur tour une de leur création.
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Toutes les œuvres -une quinzaine- généreusement offertes par les artistes feront ainsi l’objet d’une première vente aux enchères caritative, gracieusement organisée à la Mamounia le 30 décembre, à 17h30, lors de la vente intitulée «Un hiver marocain», par la maison de vente Artcurial, et dont tous les bénéfices seront reversés à l’association Chourouk.
Mais la mission de l’association Chourouk ne s’arrête pas là et celle-ci espère, avec le soutien de ses partenaires, pouvoir porter assistance aux parents nécessiteux en collectant du matériel éducatif, des fournitures scolaires, des vêtements, etc.
Un beau projet à soutenir et qui compte sur un élan de solidarité afin de permettre à l’école de naître et d’être à même de recevoir ses premiers élèves à la prochaine rentrée scolaire.
Pour Mohamed Elbaz, qui explique pour Le360 être à la recherche d’un «club des cinq», il est indispensable que des bailleurs de fonds s’impliquent sur le long terme dans ce projet afin de le pérenniser. «Il faut que les gens qui ont l’argent et le pouvoir s’engagent dans ce type de projets. Car la société civile ne peut pas y parvenir seule», poursuit l’artiste qui caresse l’idée de reproduire ce projet pilote à travers le Maroc. Car, précise-t-il, «il ne s’agit pas ici d’une garderie, mais d’une école dotée de sa propre équipe pédagogique et d’un solide projet éducatif».