Tourné au Maroc, «Sirat», d’Oliver Laxe, représentera l’Espagne aux Oscars 2026

Une scène du film espagnol "Sirat", réalisé par Oliver Laxe et tourné au Maroc, avec à l'affiche Sergi Lopez.

Une scène du film espagnol Sirat, réalisé par Oliver Laxe et tourné au Maroc, avec à l'affiche Sergi Lopez.

Le long-métrage tourné au Maroc et réalisé par le cinéaste galicien Oliver Laxe a été choisi pour représenter l’Espagne à la prochaine édition des Oscars, dans la catégorie du meilleur film international.

Le 19/09/2025 à 17h16

C’est finalement «Sirat», d’Oliver Laxe, qui portera les couleurs de l’Espagne aux Oscars 2026 dans la course à la statuette du meilleur film international. Le film s’est imposé face à deux autres finalistes: «Romería» de Carla Simón et «Sorda» d’Eva Libertad.

Présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2025 — dont le jury était présidé par Juliette Binoche — «Sirat» s’est distingué en remportant le Prix spécial du jury. Salué par la critique, le film poursuit depuis un parcours prometteur, notamment en France, où il a attiré 17.000 spectateurs dès son premier jour en salle, avant d’atteindre près de 200.000 entrées en une semaine.

Un road movie au cœur du désert marocain

Tourné dans le massif désertique du Saghro, à l’est de Ouarzazate, «Sirat» met en scène Louis (interprété par Sergi López), un père parti à la recherche de sa fille Marina, disparue depuis cinq mois après avoir participé à un festival électro. Il est accompagné de son fils Stéphane, et croise la route d’un groupe hétéroclite de ravers, en quête d’une autre fête dans le Sud marocain.

À travers cette quête, Oliver Laxe propose un voyage aussi bien physique que métaphysique, où les personnages sont confrontés à leurs propres limites. Le film explore des thèmes universels tels que la quête de soi, l’identité et les liens entre les cultures.

Un cinéaste profondément lié au Maroc et à l’Islam

Né à Paris en 1982 et d’origine galicienne, Oliver Laxe entretient depuis de nombreuses années une relation étroite avec le Maroc, où il a vécu et tourné plusieurs films. En 2016, son film «Mimosas, la voie de l’Atlas», tourné dans le Haut Atlas marocain, avait été primé à Cannes.

Dans une interview accordée à El Mundo, le réalisateur revenait sur les influences spirituelles qui traversent «Sirat», le titre lui-même faisant référence à la religion musulmane puisque désignant un pont étroit que les croyants doivent franchir le Jour du Jugement. Laxe évoquait également dans cet entretien sa fascination pour le soufisme, sa relation au Coran, et les résonances entre la culture marocaine et ses racines galiciennes.

«En Espagne, nous sommes enfants de trois cultures, et je vois qu’il y a des liens clairs entre nous et l’Islam. Mon travail de cinéaste est de relier, jamais de séparer, ce qui semble séparé. Lorsque j’ai vécu au Maroc, j’ai réalisé qu’il y avait une continuité de valeurs entre ce que j’ai trouvé là-bas et ma famille paysanne galicienne. Le Maroc est un pays voisin qui m’a aidé, qui m’a rendu entier, et j’en suis reconnaissant», confiait-il.

Prochaine étape: la shortlist de l’Académie

Il faudra attendre le 16 décembre pour savoir si «Sirat» figurera dans la shortlist des quinze films présélectionnés par l’Académie américaine. Les cinq nominations officielles seront ensuite dévoilées en janvier, en amont de la cérémonie prévue le 15 mars 2026 à Los Angeles.

L’Espagne, qui a remporté quatre fois l’Oscar du meilleur film international (ex-meilleur film en langue étrangère), espère renouer avec le succès. Son dernier sacre remonte à 2004 avec «Mar adentro» d’Alejandro Amenábar.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 19/09/2025 à 17h16