Tony Bennett est mort à 96 ans. «Il s’est éteint aujourd’hui à l’âge de 96 ans dans sa ville natale de New York», a déclaré à l’AFP, Sylvia Weiner, son agente. Il souffrait de la maladie d’Alzheimer.
Né le 3 août 1926 à Astoria, dans le quartier du Queens, le plus cosmopolite de New York, Anthony Benedetto, de son vrai nom, doit une partie de sa longévité unique à sa technique vocale. Formé au bel canto, celui qui se faisait appeler Joe Bari au tout début de sa carrière aura conservé sa voix intacte tout au long de sa vie, capable de pousser les décibels jusque dans les stades, à 80 ans passés.
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Costumes toujours impeccables, pochette, élégance naturelle, Tony Bennett incarnait la chanson de l’après-guerre, sans tomber dans la ringardise, et sans jamais, pour autant, sortir de son registre. Il reste peu de classiques de lui, contrairement à Frank Sinatra, un autre fils d’immigrés italiens de la région de New York, auquel il a été beaucoup comparé mais dont le succès a été bien supérieur.
Ses plus grands titres sont venus tôt dans sa carrière, au début des années 50, avec notamment «Because of You», «Rags to Riches» ou «Cold, Cold Heart», tous numéros un des ventes, et n’ont été suivis d’aucun hit en bonne et due forme.
Mais Tony Bennett, qui a adopté le nom de scène américanisé que lui suggérait l’humoriste Bob Hope, a conservé un public fidèle, entretenu grâce à des milliers de concerts et une prestance scénique reconnue par tous. «Au théâtre et pour le spectacle vivant, il faut convaincre le public qu’il ne pourrait pas être mieux ailleurs», expliquait l’acteur Alec Baldwin dans le documentaire produit par Clint Eastwood «The Music Never Ends» (2007). «Et personne dans le show-business ne fait ça mieux que Bennett», rappelle Baldwin.
Peu portée sur les effets, sa voix semblait aller à l’essentiel, influencée par divers genres musicaux, notamment le jazz. «En tant que spectateur, (je pense que) Tony Bennett est le meilleur chanteur dans le métier», dira Frank Sinatra. «Il m’enthousiasme quand je le vois, il m’émeut». Son sourire et son énergie projetaient l’image d’un artiste chaleureux, résolument positif.
Malgré un public fidèle, Tony Bennett connaîtra une traversée du désert durant les années 70 et 80, une mauvaise passe marquée par une addiction à la cocaïne et une overdose, en 1979, dont il réchappera. Son fils Danny finira par intervenir et lui offrir une seconde carrière en l’introduisant auprès d’un public plus jeune. En 1994, il atterrit ainsi sur la chaîne musicale MTV pour un «Unplugged», cette série de concerts acoustiques plutôt réservés aux jeunes artistes en vogue.
En 2006, il sort l’album «Duets: an American Classic», une série de duos avec de très grands noms de la musique populaire, de Stevie Wonder à Bono, qui l’accompagnent sur des reprises. Le succès est total, au point qu’un second opus «Duets II», sortira en 2011, avec, de nouveau, le gratin de la chanson, qui lui permettra d’accrocher, pour la première fois, le sommet des ventes de disques aux Etats-Unis, à 85 ans. L’album contient deux duos avec respectivement Lady Gaga et Amy Winehouse, qui révèlent les deux jeunes chanteuses dans un registre épuré qu’elles apprécient visiblement.
Les collaborations se poursuivront, avec notamment un album entier en compagnie de Lady Gaga, «Cheek to Cheek», occasion d’un nouveau numéro un aux Etats-Unis. «J’aime essayer des choses nouvelles tout le temps», disait le crooner au journaliste Charlie Rose sur la chaîne PBS en 1993. Durant sept décennies, il aura suivi le conseil de Frank Sinatra: «ne sois jamais prévisible».