A l’hôtel des ventes de la CMOOA à Casablanca, ont été réunies au sein d’une exposition ouverte au public des œuvres emblématiques issues de collections prestigieuses marocaines.
Des œuvres inédites de Mohamed Melehi, Farid Belkahia, André ElBaz, Ahmed Cherkaoui, Miloud Labied, Mohammed Kacimi, côtoient ainsi des œuvres de Jacques Azéma, mais aussi de Charles Hossein Zenderoudi, Bernard Buffet, Edouard-Marcel Sandoz et Dia Azzawi, issues des collections de Feu Moulay Ahmed Laraqui, Fadel Iraki, Monsieur et Madame Bencheikh, la famille Sebti-Bennani Smires, la famille Boccara et de feu Jean-Claude Frendo.

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Lors de cette vacation seront aussi présentées des œuvres figuratives et orientalistes de Hossein Tallal, Hassan El Glaoui, Jean-Gaston Mantel et André Hambourg. La grande Chaïbia, inclassable parmi les courants évoqués, figurera en bonne place avec de rares œuvres des années 1960 -1970.
Collectionneurs et artistes, une relation fusionnelleA travers cette sélection d’œuvres, la CMOOA s’attache à mieux cerner les passerelles artistiques qui ont rapproché les aventures modernes du Maghreb et du Machrek au milieu des années 70, mais également d'apprécier les recherches des artistes du «Mouvement de Casablanca».
Il s’agit ainsi pour la CMOOA de scruter l’histoire de l’art marocain à travers le prisme des collections marocaines en mettant en avant le rôle joué par ces collectionneurs de la première heure, tour à tour mécènes, nationalistes convaincus, découvreurs d’une audace marocaine, mais aussi amis d’artistes. Car entre collectionneurs et artistes se profile l’ombre de relations fortes, nourries par des débats passionnés sur l’art qui se déroulaient à cette époque dans la sphère privée.

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Qu’ils soient grands cadres d’entreprises privées, de l’administration ou médecins, ces collectionneurs ont ainsi participé à l’émergence d’un foyer intellectuel, notamment à Casablanca où se côtoyaient le monde des affaires et le monde artistique, en passant commande pour des œuvres très audacieuses, telles que celles qui épousaient les préceptes de l’école de Casablanca à l’instar du système des intégrations. Avec cette exposition, la CMOOA rend ainsi hommage à des personnalités qui ont, grâce à leurs collections, valorisé nos artistes, mais aussi participé à construire l’histoire de l’art du Maroc.
«Pour cette 75e manifestation, nous avons poursuivi le travail entamé il y a plusieurs mois afin de dévoiler certaines collections privées marocaines détentrices d’œuvres majeures de notre histoire de l’art. Nous savons à quel point la modernité au Maroc a été tributaire de figures marquantes de la Société civile qui ont parfois récompensé le génie de nos grands artistes et, en retour, nous aimons leur témoigner notre gratitude», explique ainsi Hicham Daoudi, fondateur et président de la CMOOA.
L’engagement politique au cœur de la démarche artistiqueDans cette exposition, mettant notamment en avant le dialogue entre le groupe de Casablanca et celui de Rabat, le graphisme de l’un, incarné par Mohamed Melihi, s’opposant à la gestuelle abstraite d’un Kacimi, se dessine également dans ce Maroc des années 1960 l’engagement politique des artistes.
Portés par le questionnement sur la responsabilité collective qu’endosse l’artiste envers la société dans laquelle il évolue, les artistes marocains conviés à participer la biennale arabe de 1974 à Bagdad épousent à bras le corps l’idée de l’éducation par l’art, déjà initiée en 1969 dans le manifeste de Jamaa El Fna.

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Au soutien à la cause palestinienne porté par Mohamed Melihi fait écho dans cette exposition celui de Farid Belkahia avec sa représentation de la guerre d’Algérie ou encore celle de la lutte somalienne contre l’impérialisme américain.
L’engagement de ces deux grands artistes se retrouve également dans des œuvres données à voir qui expriment leur rejet du colonialisme. Quand Melihi choisit de signer une toile en y apposant l’empreinte de son pouce, à l’instar des artisans marocains qui ne signent pas leurs tapis ou leurs poteries, Belkahia, lui, choisit de travailler des supports en peau ou en cuivre. Deux manières de faire qui répondent à la même question: comment utiliser des symboles et des matériaux issus de notre culture populaire pour créer de l’art à partir du Maroc, et sans chercher à ressembler aux artistes occidentaux?
Avec cette exposition, suivie d’une vente aux enchères, c’est tout un pan de l’histoire du Maroc, à travers l’engagement de ses artistes et de cette première génération de collectionneurs, qui est donnée à voir.
Informations pratiques :Exposition publique du 8 au 21 juin 2022De 9 heures à 12h30 et de 14h30 à 19hVente aux enchèresMercredi 22 juin 2022 à 18 heures à l’hôtel des Ventes5, rue Essanaani, quartier Bourgogne - CasablancaTél. : +212 5 22 26 10 48 / Fax : +212 5 22 49 24 62info@cmooa.com / www.cmooa.com.









