C’est dans un contexte difficile marqué par une crise mondiale due à la pandémie du coronavirus, qu’a été organisée la traditionnelle vente aux enchères de Sotheby’s à Londres, à l’exception près que celle-ci s’est déroulée en ligne, mesures de prévention obligent.
Les enchères ont donc été ouvertes du vendredi 27 mars à 14 heures GMT jusqu’au mardi 31 mars à 14 heures, date à laquelle celles-ci se sont clôturées sur de beaux scores pour certaines des 71 œuvres mises en ligne.
Parmi les artistes décrits par Sotheby’s comme étant «les plus rares et les plus recherchés de l’ère moderne à la période contemporaine», on compte ainsi Antoine Malliarakis Mayo, Kamrooz Aram, Hamed Nada, Farhad Moshiri, Youssef Nabil, Fahrelnissa Zeid, Gazbia Sirry, Marwan et Mahmoud Sabri et enfin les Marocains Mohamed Melehi, Farid Belkahia ou encore Hassan Hajjaj.
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Melehi domine les enchèresSur un total de 71 œuvres mises aux enchères et de 48 artistes, une œuvre de Mohamed Melehi s'est démarquée en remportant les plus grosses enchères de cette vente. Il s’agit de «The Blacks», réalisée en 1963 à New York, pendant la période américaine de l’artiste marocain.
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Estimée entre 55.000 et 65.000 £ (entre 692.625 et 818.557 dirhams), l’œuvre a été acquise en ligne pour la somme de 399.000 £, soit 5.024.683 dirhams (sans les frais), la plus grosse enchère de cette vente Sotheby’s londonienne, mais aussi le plus gros record en considération de l’estimation initiale qui lui était attribuée.
Au sujet de cette œuvre, Sotheby’s explique que «dans ce travail, nous pouvons choisir de voir le paysage urbain de New York, encadré dans les lumières d'une ville que nous connaissons tous – celle qui «ne dort jamais». Ville qui «était considérée comme une plaque tournante du développement artistique post-moderne», explique la maison londonienne.
«L'importance de ce tableau réside également dans le fait qu'il illustre si clairement une autre dimension de la production créative de Melehi: son appréciation de l'architecture moderniste ainsi que sa capacité à marier cela avec son travail en art graphique (il a ensuite fondé son propre studio de graphisme en 1974)», poursuit Sotheby's.
Enfin s’agissant de l’artiste auquel Sotheby’s consacre un long portrait, on considère que «The Blacks est en effet un travail impressionnant –il vibre avec les rythmes d'une ville qui a inspiré sa production créative et sa signification presque poignante réside dans sa linéarité concrète, liée uniquement au peu de temps qu'il a passé à New York. Ses toiles vont bientôt être lavées des vagues ondulantes que le Maroc a inspirées».
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Farid Belkahia clôture le trio de têteLargement dominée par Mohamed Melehi, cette vente aux enchères consacre également l’artiste Mahmoud Sabir, avec «A family of farmers», la 2ème plus grosse enchère avec une vente de 300.000 £, et, en 3ème position, à nouveau un artiste marocain et non des moindres: Farid Belkahia.
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«Jerusalem», une peau réalisée en 1980 sur support en bois, a été quant à elle été estimée entre 70.000 et 90.000 £ (entre 881.523 et 1.133.387 dirhams), pour être, in fine, cédée au prix de 200.000 £ soit 2.518.638 dirhams.
Hassan Hajjaj, new generationEnfin, troisième et dernier artiste marocain de cette sélection londonienne, Hassan Hajjaj, dont le portrait «Hindiii» de la chanteuse marocaine Hindi Zahra en 2011 s’envole pour 12.500 £, soit 157.414 dirhams.
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Et Sotheby’s de citer Hindi Zahra pour parler de cette œuvre et de son artiste: «nous avons des visions différentes mais nous avons un amour du Maroc en commun. J'adore ce mec parce qu'il a vraiment poussé les gens à s'exprimer ... Il a vu mes dessins et m'a dit que je devais les prendre au sérieux et travailler dessus, et vraiment m'a poussé dans la peinture, donc je suis reconnaissante».
Avec ces scores, la peinture marocaine s’impose au sommet des artistes les mieux cotés en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Et ce n’est probablement que le début de cette dynamique qui scelle l’internationalisation des artistes plasticiens marocains.