«C’est avec beaucoup de tristesse que nous, à Sugarman.org, devons annoncer que Sixto Diaz Rodriguez est décédé plus tôt aujourd’hui», indique un communiqué publié sur son site officiel, le mardi 8 août. La cause de son décès n’a pas été précisée mais l’artiste avait eu des problèmes de santé ces dernières années.
Dans les années 1970, Sixto Rodriguez sort deux albums dans l’indifférence générale aux États-Unis mais il devient sans le savoir une idole en Afrique du sud, en Nouvelle-Zélande et en Australie. Une copie de l’un de ses disques atterrit en Afrique du Sud par hasard et sa musique aux accents libertaires devient l’hymne de la jeunesse blanche progressiste exaspérée par l’apartheid.
Il fait bien quelques concerts, notamment en 1979 et 1981 en Australie où il est étonné de constater que le public connaît ses paroles par coeur. Mais à part ces quelques sursauts, il reste dans l’oubli.
Jusqu’à ce que deux fans, en cherchant à élucider le mystère de sa mort, découvrent effarés qu’il est bien vivant et le fassent venir en Afrique du Sud, où il est accueilli en héros en 1998, pour six concerts à guichets fermés. «Je lui avais dit: “En Afrique du Sud, tu es plus célèbre qu’Elvis”», se souvient l’un d’eux, Stephen Segerman, dans une interview au journal Detroit News.
Pas un centime de droits
Le destin romanesque de Sixto Rodriguez, né dans une famille d’immigrés mexicains de Detroit le 10 juillet 1942, fait l’objet du documentaire «Searching For Sugar Man», réalisé par le Suédois Malik Bendjelloul et récompensé aux Oscars en 2013.
Le succès du film offre une célébrité tardive à ce guitariste qui avait, après l’échec de ses albums, abandonné la musique pour se reconvertir dans les chantiers et la construction. Il donne aussi une nouvelle visibilité à ses titres folk, parmi lesquels l’emblématique «Sugar Man» ou «I Wonder».
Dans le film, Rodriguez semble détaché, plutôt amusé par cette reconnaissance. Mais sa situation économique précaire est aussi évidente: il n’a jamais touché un centime de ses centaines de milliers d’albums vendus en Afrique du Sud.
Après la sortie du documentaire, il donne plusieurs concerts en Europe et aux États-Unis. Il est même invité à se produire lors des célèbres festivals de Coachella, en Californie, et Glastonbury, au Royaume-Uni. En 2008, le chanteur évoquait auprès du Detroit News la «formidable odyssée» qu’a été sa vie, disant s’être «toujours, pendant toutes ces années, considéré comme un musicien».