Musicien multi-instrumentaliste, chercheur dans le patrimoine musical marocain et fondateur du projet Mirath, Abdellah Bencherradi a grandi dans une famille de mélomanes où la musique occupait une place centrale. Très tôt initié à l’outar offert par son père, il explore par la suite plusieurs instruments en autodidacte.
Ancien professeur de géographie, titulaire d’un master en aménagement territorial, il finit par suivre pleinement sa véritable passion: la musique. Aujourd’hui, il partage ses recherches à travers des ateliers dédiés au patrimoine marocain et évolue également au sein du groupe Hasba Groove. Il en parle dans cet entretien accordé à Le360.
Le360: vous êtes musicien multi-instrumentaliste et fondateur du projet Mirath. Comment s’est construit votre parcours musical?
Abdellah Bencherradi: j’ai grandi dans une famille de mélomanes. Mon père m’avait acheté un outar quand j’étais petit. Ensuite, j’ai touché à plusieurs instruments de manière autodidacte. J’ai enseigné la géographie au lycée et j’ai obtenu un master en aménagement territorial… mais la musique a toujours été ma véritable passion. J’en ai finalement fait ma carrière.
Le360: vous avez récemment dirigé le spectacle interactif «Mirath Atfal», présenté à Casablanca, puis au Théâtre Mohammed V. On en parle beaucoup sur les réseaux… Mirath, c’est quoi?
Abdellah Bencherradi: Mirath est né il y a cinq ans. L’idée, lancée d’abord avec les adultes, était d’animer des ateliers pour que les Marocains en sachent plus sur le patrimoine musical de leur pays. Beaucoup écoutent des styles comme Ahwach, Hmadcha, la chanson amazighe ou l’Aita, mais sans réellement connaître leur signification ni leur origine.
«Sur scène, j’étais vraiment heureux de voir les enfants chanter avec leurs parents la musique andalouse, le Melhoun… tout le patrimoine marocain»
— Abdellah Bencherradi, musicien, fondateur du projet Mirath
Notre amour pour le patrimoine marocain nous a poussés à partager nos connaissances avec le grand public. Les ateliers Mirath, composés de trois volets, ont donc été lancés durant le Covid. Chaque mois, nous proposons un thème, un voyage du Nord au Sud du pays. Nous sommes marocains de par notre musique, notre cuisine… il faut mettre tout cela en valeur.
Voyant le succès de Mirath adultes, nous avons voulu nous adresser aux enfants. Cette année, en 2025, nous avons lancé Mirath Atfal, qui a été une vraie réussite. Sur scène, j’étais vraiment heureux de voir les enfants chanter avec leurs parents la musique andalouse, le Melhoun… tout le patrimoine marocain.
«Mirath, de son côté, est plus intimiste et fait aussi interagir les participants avec les instruments de musique»
— Abdellah Bencherradi, musicien, fondateur du projet Mirath
Certains comparent Mirath au concept «La chorale pour tous» d’Amine Boudchar. Qu’en pensez-vous?
«La chorale pour tous» d’Amine Boudchar est un très bon concept, même si cette tendance du public à chanter avec l’artiste existe depuis longtemps. Mais il faut savoir que Mirath a existé avant le concept d’Amine Boudchar. En 2020, on travaillait ensemble avec l’Association Nagham, présidée par Nouhad Senhadji, sur la partie patrimoine marocain.
«La chorale pour tous» est très appréciée et nous souhaitons à Amine Boudchar davantage de réussite.
Mirath, de son côté, est plus intimiste et fait aussi interagir les participants avec les instruments de musique.
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Avez-vous réellement fait monter sur scène des personnes n’ayant jamais touché un instrument?
Exactement. Des gens qui n’avaient jamais touché un instrument montent jouer et chanter sur scène. Je me rappelle, en 2023, lors de la clôture de Mirath: certaines personnes ne savaient même pas à quoi ressemblait la scène, et elles sont montées jouer… C’est la preuve que nous, Marocains, avons la musique dans le sang. Nous ne faisons que réveiller cette fibre qui est ancrée en nous tous.
Vous travaillez beaucoup dans l’ombre, ce qui fait que beaucoup ignorent que vous êtes membre du groupe Hasbah Groove. Comment est né ce projet?
Hasbah Groove puise dans le patrimoine musical marocain. «Hasbah» est une forme de Aita. Chaque pas que nous faisons va dans le sens de la recherche du patrimoine marocain traditionnel et populaire, que nous fusionnons avec des rythmes du monde. Le groupe est passé par plusieurs étapes, mais sa véritable création avec son noyau actuel date de 2021-2022.
Votre showcase à Visa For Music vous a offert une belle visibilité...
Oui, c’est vrai. Visa For Music nous a fait connaître auprès des Marocains. Nous avons également commencé à tourner à l’étranger. C’était un vrai coup de pouce qui nous a propulsés sur scène.
Quels sont vos projets actuels avec Hasbah Groove?
Nous finalisons actuellement notre tout premier album, composé de sept singles. Nous avons réécrit plusieurs morceaux de Aita et les avons revisités à notre manière. La sortie est prévue pour 2026.







