La parade du Festival Gnaoua et musiques du monde 2025: Ils y étaient…

La parade d'ouverture de la 26ème édition du Festival Gnaoua et musiques du monde (A.Ettahiry/Le360)

La 26ème édition du Festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira s’est ouverte ce jeudi 19 juin en présence du nouveau wali par intérim de la région Marrakech-Safi, Rachid Bencheikhi. L’absence du ministre de la Culture, Mohammed Mehdi Bensaid, retenu pour des raisons personnelles, a été remarquée, mais le ministère était représenté par Hicham Abkari, directeur des arts.

Le 20/06/2025 à 12h05

Conformément à la tradition, c’est la parade des troupes Gnaoua, venues des quatre coins du Royaume, qui a donné le ton à cette 26ème édition. Le cortège officiel a, comme à l’accoutumée, quitté un hôtel du centre-ville pour se diriger vers Bab Sbaa, où les musiciens ont accueilli les invités aux sons envoûtants des qraqeb et des tambours. Une ambiance festive et vibrante qui a marqué l’ouverture d’un festival emblématique, dont la longévité s’étend sur 28 ans, en tenant compte des deux éditions suspendues en raison de la pandémie du Covid-19.

«Le Festival Gnaoua et Musiques du Monde évolue avec son temps, il est en perpétuelle transformation. Depuis 28 ans, ce festival grandit, se renouvelle et se remet en question. Grâce à cela, il a su, pendant presque trois décennies, gagner en notoriété tant au Maroc qu’à l’international», a déclaré Neila Tazi, fondatrice et directrice du festival, à notre micro. Malgré une fracture à la cheville, la productrice a suivi le cortège en fauteuil roulant aux côtés de ses invités.

La cérémonie d’ouverture a réuni plusieurs personnalités de haut rang, témoignant de l’importance symbolique et culturelle de l’événement. Étaient notamment présents Rachid Bencheikhi, nouveau wali par intérim de la région Marrakech-Safi, succédant à Farid Chourak; André Azoulay, conseiller de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et président de l’Association Essaouira-Mogador; Mohammed Hassad, ancien ministre de l’Intérieur; ainsi que Driss El Yazami, président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME).

En revanche, l’absence remarquée du ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohammed Mehdi Bensaid, a suscité de nombreuses interrogations quant à la position actuelle de son département vis-à-vis du festival, qu’il soutient financièrement depuis le début de son mandat. Cette absence a néanmoins été symboliquement compensée par la présence de Hicham Abkari, directeur des arts au sein du ministère, et ancien directeur du théâtre Mohammed VI de Casablanca, assurant ainsi une certaine continuité institutionnelle.

Des interrogations relatives au maintien du soutien financier du ministère ont également émergé dans les médias. À ce sujet, Neila Tazi, fondatrice et productrice du festival, a tenu à apporter des clarifications: «Le ministère de la Culture soutient toujours le festival», nous a-t-elle affirmé. Une source proche du dossier a d’ailleurs confirmé que la présence de Hicham Abkari était bien l’expression de cet engagement institutionnel renouvelé.

Une heure avant l’ouverture officielle, Driss El Yazami a souligné la portée culturelle du festival: «J’ai connu le Festival Gnaoua et Musiques du Monde il y a presque vingt ans. Ce qui m’a toujours marqué, c’est sa philosophie: valoriser une tradition populaire longtemps marginalisée, voire méprisée, en la faisant dialoguer avec d’autres traditions musicales dans une logique de métissage.»

Quant à Redouane Khan, président du Conseil provincial du tourisme d’Essaouira, il a rappelé, chiffres à l’appui, l’impact du festival sur le développement touristique local: «Le festival a largement contribué au développement touristique de la ville. La capacité d’hébergement est passée d’environ 200 lits au début des années 1990 à plus de 14.000 lits classés et 10.000 lits non classés aujourd’hui.»

Des figures emblématiques du monde de la culture ont également honoré l’événement de leur présence, à l’instar du réalisateur marocain Faouzi Bensaïdi et de son homologue palestinien Elia Suleiman, tous deux attendus dans le cadre de la douzième édition du Forum des Droits de l’Homme, organisé en marge du festival. Leur participation témoigne du rayonnement international du rendez-vous souiri, à la croisée des expressions artistiques et des engagements citoyens.

Jusqu’au 21 juin, le public est invité à vibrer au rythme des plus grands maîtres gnaoua, à l’instar de Hamid El Kasri, Khalid Sansi ou Mustapha Baqbou, qui partageront la scène avec des artistes internationaux de renom tels que le Cubain Cimafunk, le Tunisien Dhafer Youssef ou encore la Malienne Rokia Koné. Une programmation audacieuse, fidèle à l’esprit de fusion et de dialogue musical qui fait l’ADN du festival depuis plus d’un quart de siècle.

Par Qods Chabâa et Abderrrahim Ettahiry
Le 20/06/2025 à 12h05