Son dernier film «Déserts» tourné dans la région d’Al Haouz, longtemps avant le séisme qui a frappé la région le 7 septembre 2023, entraine le spectateur sur les chemins escarpés de la vie. Le réalisateur Faouzi Bensaïdi, fidèle à sa vision d’un cinéma toujours renouvelé, transforme l’art de l’image en un voyage déroutant où l’imprévisible est le maitre-mot.
Une carrière entamée il y a 25 ans, auteur d’œuvres exquises toujours saluées par la critique internationale telles «Volubilis», «Mort à vendre» ou «What a wonderful world», il a su conquérir les cinéphiles exigeants qui lui ont toujours rendu un amour partagé. Il affirme défendre un cinéma de doute et non pas de certitude, faisant de chaque pellicule un moment de découverte inattendue où rien n’est joué d’avance, où le spectateur demeure ébahi jusqu’à la dernière seconde. Dans cet entretien pour Le360, après l’hommage vibrant rendu par le FIFM, Faouzi Bensaïdi, serein après la reconnaissance poignante qui lui est faite, explique sa démarche de cinéaste et dit tout ce qu’il pense du casting sauvage.
Le360: vous avez reçu un hommage mérité à la 20ème édition du Festival international du film de Marrakech. Quel est votre sentiment?
Faouzi Bensaïdi: c’est un bel hommage et cela m’a beaucoup touché. C’est une belle reconnaissance de mon travail. C’est comme un message qui parle à mon coeur et qui dit que je peux poursuivre un certain chemin que j’ai choisi.
Votre dernier film «Déserts» a été projeté le soir de votre hommage. Pourquoi cette œuvre n’a-t-elle pas pris part à la compétition?
Très peu de gens savent, ou oublient, que depuis qu’il existe le Festival international du film de Marrakech a choisi de ne présenter en compétition que le premier ou deuxième film du réalisateur. «Déserts» est mon sixième long-métrage donc je ne peux plus depuis très longtemps participer à la compétition. Aussi, les organisateurs ont choisi de présenter mon dernier film à l’issue de l’hommage.
«Déserts» est votre dernier film. Il a été tourné dans la région d’Al Haouz, là où le séisme a frappé le 7 septembre 2023. Pensez-vous y retourner?
Vous savez, lorsqu’on a fait le repérage pour le film, la gentillesse et la bienveillance de la population locale furent les choses qui m’ont le plus touché. Nous avons été super bien accueillis. Même si les habitants sont démunis, ils ont fait preuve d’une hospitalité incroyable. Lorsqu’il y a eu le séisme j’ai beaucoup été affecté, car je me suis rappelé des visages et de la gentillesse des gens. Depuis que je suis ici à Marrakech, je manque de temps, le programme est très chargé durant le festival, mais j’espère me libérer bientôt et pouvoir m’y rendre.
Quelles ont été les difficultés du tournage dans cette région enclavée du Maroc?
Les lieux que j’ai choisis pour mon film étaient très excentrés. Pour s’y rendre, cela exigeait beaucoup d’efforts. Le tournage était très physique, mais ces difficultés, à la fois logistiques et matérielles, étaient donc nécessaires. Au final, nous avons pu braver et dépasser tous ces obstacles.
Vous êtes très fidèles à vos acteurs. Certains sont sans cesse présents dans vos films. Quelles sont les raisons qui expliquent ce fétichisme?
J’aime travailler dans un cadre amical. Je me suis donc retrouvé, au fil des ans, avec plusieurs acteurs qui ont constitué une troupe. Ce n’était pas prévu au départ, mais finalement, petit à petit, il y a eu un noyau de comédiens qui s’est constitué, avec qui j’ai aimé travailler dans plusieurs ateliers de formations que j’ai dirigés. Le travail devient plus facile et plus optimal ainsi, car on arrive à se comprendre à demi-mots. C’est arrivé de manière progressive.
Lire aussi : FIFM 2023. Viggo Mortensen: «Ce qui importe le plus pour moi, c’est le scénario»
Vous faites très peu appel à des acteurs non professionnels. Êtes-vous contre le casting sauvage?
Non, je ne suis pas contre. Je pense que n’importe qui peut jouer un rôle de cinéma dans sa vie. Je respecte la démarche des réalisateurs qui y font recours. Mais je respecte beaucoup le travail des acteurs. Incarner un personnage, c’est aussi de la création. On ne doit pas oublier que l’interprétation est un métier noble, où il y a beaucoup de créativité.
Vous avez accumulé 25 ans de carrière dans le domaine de la réalisation. Qu’avez-vous préservé et qu’est-ce qui a changé?
Ce qui n’a pas changé, c’est ma vision de la vie et des gens. C’est resté intact depuis ma naissance. C’est la même perception. Ce qui a changé, par contre, est plutôt lié à l’évolution de ma carrière, de mes recherches. Les mêmes obstacles et interrogations, que je rencontre pour renouveler mon cinéma et les genres cinématographiques, sont toujours là par contre!
Après «Déserts», quel est le prochain projet de Faouzi Bensaïdi?
Je travaille sur deux projets de films en parallèle, et sincèrement je ne sais pas par lequel je vais commencer. Je m’apprête à commencer à travailler sur les deux scénarios... Je donnerai plus de détails lorsque j’aurai plus de visibilité.