Exclusivité-Le360. EP6. Les bonnes feuilles de «Cloud cowboys», nouveau roman de Hicham Lasri

Hicham Lasri (Hamza Zidane)

Artiste conceptuel et écrivain reconnu, Hicham Lasri opère un retour fracassant avec un nouveau roman «Cloud cowboys» où il livre une vision incandescente et inoubliable d’un monde à l’agonie, où l’espoir est la dernière ressource. En exclusivité, Le360 en publie les bonnes feuilles au fil des épisodes.

Le 02/08/2025 à 18h55

«Cloud Cowboys», le nouveau roman de Hicham Lasri, raconte l’agonie d’un monde en ruine. Fable arabo-futuriste à la croisée de Mad Max et du mythe, ce récit haletant met en scène un univers où l’espoir, encore plus que l’eau, devient la ressource la plus précieuse.

La famille Vallenari, derniers «Cloud Cowboys», dérive au-dessus des terres mortes à bord de la Beatle, machine colossale, conçue pour capturer la pluie. Leur quotidien déjà précaire, bascule lorsqu’un nuage contaminé, s’écrase à proximité, libérant une toxine mystérieuse et mortelle.

Comme après chaque POD, Sami Vallenari se réfugie sur la terrasse du Beatle, au milieu de cette végétation poussiéreuse et des surfaces lisses où se cristallisent les goulettes d’eau arrachées à l’air sec par un ingénieux système inventé par Papa Vallenari. Ingéniosité. Cette eau sert à alimenter la Beatle en eau potable tandis qu’une énorme citerne d’eau de mer sert au reste des opérations. Il regarde le paysage autour de lui: le rendement a dévoré ce monde et ce qui en reste fait pitié. Il a toujours un pincement au cœur après chaque confession de Basta le Harki, à chaque fois il imagine un retournement de situation, un élément qui le rassure, qui le console, qui lui dit qu’il n’a pas gaspillé son enfance à idolâtrer une crotte de chien, un Harki, un démagogue. Pincement. C’est à ce moment que Sami Vallenari réalise que l’absence de son père n’est pas seulement un manque, mais un trou noir qui aspire tout ce qui s’en approche et ne laisse qu’un creux d’estomac dans la tête et le cœur…

Père Vallenari est un lunatique, un zombie, un homme avec qui il est extrêmement difficile de communiquer. Systématiquement ailleurs, loin de lui-même dans ses nuages et ses rêves d’avenir: c’est le seul qui n’a pas renoncé. C’est le seul qui a gardé le cap, mieux que la boussole de cette époque de survie et de bouches sèches, mieux que tous les idéologues, les fact-checkers & mats, ceux qui remontent la Doomsday clock, les sentinelles, les signaleurs de petite vertu, les lanceurs d’alertes rouges, et les autres gardiens du temple. Vigilant. Papa Vallenari n’a pas changé et sa relation avec Sami est plus compliqué qu’avec Nora.

Sur le territoire de la virilité, son père est une somme, une extrémité, un suicidaire. Nora Vallenari le regarde à la fois comme la figure paternelle, mais aussi comme un Petit Prince perdu sur un caillou paumé. Basta! Sami Vallenari est conscient de vivre dans un monde où le métier de la plupart des gens est pousseur de poussière sous le tapis.

Couards! Papa Vallenari est le seul à ne pas plier l’échine pour passer la porte étriquée de l’époque ou pour glisser quoi que ce soit sous le tapis persan: l’époque lui fait payer cette intransigeance aérienne. Les ratés ne vous rateront pas! disait le Nounours.

Par La Rédaction
Le 02/08/2025 à 18h55