Quartier des Habous, à Casablanca. Ce lieu chargé d’histoire, symbolisant à la fois la culture marocaine, la période coloniale et le poids des traditions, abrite depuis une semaine le tournage de «The Wound» («Blessure», en français). Un long-métrage réalisé par Saloua El Gouni, qui occupe aussi le fauteuil, plus habituel pour elle, de productrice, aux côtés de Hamza Eddehbi et Taha Benghalem (également co-scénariste), ses complices au sein du trio Pink Sheep. Le casting comprend des noms à la réputation établie comme Amal Ayouch, Mansour Badri et Brice Brexter El Glaoui, ainsi que des talents en voie de confirmation, dont Soraya Azzabi, top model et actrice maroco-canadienne, et surtout la très prometteuse Oumaima Barid, révélée par «Animalia», de Sophia Alaoui.
En cette matinée de novembre, dans une rue des Adouls toujours aussi animée, l’équipe de tournage s’affaire sur quelques scènes avec l’un des personnages centraux, campé par Mansour Badri. Derrière la caméra, l’Américain Travis Tips, directeur photo, sollicite la réalisatrice à multiples reprises. Tour à tour à ses côtés puis devant son moniteur, Seloua El Gouni s’assure que ce qui est tourné est vraiment ce qu’elle veut obtenir de la scène et des acteurs. «Les séquences en extérieur ne sont pas une mince affaire. Souvent, les scènes doivent être tournées à plusieurs reprises», explique le co-producteur Hamza Eddehbi, un transfuge volontaire du monde du management et de l’entreprise vers celui du cinéma.
Guide improvisé de notre équipe sur le tournage, il est logiquement au fait de tout ce qui touche à l’organisation et au déroulement du tournage, prévu sur quatre semaines. Il ne se hasarde pas toutefois à s’immiscer dans le travail de ses compères. «Chacun ici a une tâche précise qui lui est assignée. C’est une manière de respecter tous les maillons de la chaîne et de s’assurer que le travail de chacun a bien été fait», poursuit Hamza Eddehbi.
Au départ, l’équipe d’écriture du scénario, dont Seloua El Gouni fait partie, avait l’intention d’en faire un court-métrage, nous confie-t-elle. Mais au fil des jours de travail et de réflexion, l’histoire s’était tissée par une trame différente, bien plus étirée dans le temps. Sans réellement éventer son contenu, la réalisatrice nous en donne un aperçu: il est question du parcours émancipateur d’une femme marocaine, déchirée entre le poids des traditions et l’appel de la modernité.
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On n’en saura pas plus. Ou plutôt si : Leila, le personnage principal, est campé par Oumaima Barid, Amal Ayouch joue celui de sa mère, tandis que Mansour Badri prend le rôle du père. «Ce film évoque le conflit des générations. J’aime les histoires et les rôles qui soulèvent une question sociale», lance celui que les badauds accostent en l’appelant «Azizi». Son personnage dans la série «Bnat El Assass», de Driss Roukh, a visiblement marqué les esprits.
Quant à Brice Brexter El Glaoui, également co-scénariste, il interprète le personnage d’Adam, dont Leila tombe amoureuse dans le film (on la comprend…). «Je connaissais déjà la magnifique Oumaima Barid, puisqu’on a travaillé ensemble dans quelques films publicitaires. Mais c’est la première fois que nous partagerons l’écran dans un long-métrage», déclare le petit-fils de feu Hassan El Glaoui, illustre artiste peintre marocain.
Malgré un budget relativement modeste de 4 millions de dirhams, «The wound» a l’ambition de cibler le marché international. C’est bien pour cette raison que les dialogues sont écrits en darija… et en langue anglaise. Pour éprouver les talents polyglottes du casting, rendez-vous est donné au cours de l’année 2024, date (approximative) de l’arrivée de «The Wound» dans les salles.