Cinéma. «Les évadés de Tindouf», premier film de Abdelhak Najib, en salle le 6 novembre

Abdelhak Najib (deuxième à partir de la gauche), sur le tournage du film «Les évadés de Tindouf», dans les régions de Guelmim et Es-Semara.

«Les évadés de Tindouf», premier long métrage du journaliste et romancier marocain Abdelhak Najib, sortira en salle le 6 novembre prochain, jour de commémoration de la Marche verte. Une date tout sauf fortuite: le film plonge au cœur du conflit du Sahara, en contant l’épopée de cinq Marocains qui ont réussi à fuir les camps de Tindouf.

Le 16/10/2024 à 18h57

Journaliste, romancier et critique de cinéma, Abdelhak Najib passe de l’autre côté de la barrière en endossant les rôles de producteur et de réalisateur. «Les évadés de Tindouf», long-métrage dont la sortie est prévue pour le 6 novembre 2024, marquera en effet son entrée dans l’univers du 7ème art.

À en croire ce véritable homme-orchestre (il est également scénariste et acteur), la naissance du projet remonte à vingt ans, lorsqu’il rencontre, dans le cadre d’une interview, cinq Marocains qui avaient réussi à s’échapper des camps de Tindouf. «J’ai porté ce film en moi pendant de longues années. J’avais envie de leur rendre hommage, mais j’ai attendu d’avoir suffisamment de recul avant de me lancer dans la réalisation», affirme-t-il.

Un périple dans le Sahara

Le film raconte donc l’histoire de cinq ressortissants marocains (trois hommes et deux femmes) qui, après plus de 25 ans de captivité, parviennent à s’évader des camps de Tindouf, à quelques jours de la commémoration des 50 ans de la Marche verte. La caméra suit leur périple à travers le désert, affrontant la soif, la faim, l’épuisement et la nature hostile.

«Il me semblait important de revenir sur l’histoire de ces Marocains dont on parle trop peu. C’est un film contre l’oubli, pour raconter l’horreur, aller dans les archives et faire parler indirectement ceux qui portent encore les stigmates de cette époque», confie le désormais réalisateur, évoquant «un devoir de mémoire».

La trame narrative est scindée en trois périodes. Elle commence en 1974, année où les protagonistes sont capturés par le Polisario, se poursuit en 2000, date de leur fuite des camps de Tindouf, et se conjugue enfin au présent, quand le fils de l’un des évadés (interprété par Abdelhak Najib lui-même) cherche à «compléter» l’aventure du père, décédé dans le désert.

Un casting XL

Pour son coup d’essai derrière la caméra, Abdelhak Najib a réussi à composer un casting solide, comprenant Driss Roukhe et Mohamed Choubi, ainsi que de jeunes talents comme Kamal Haimoud, Karim Oujil, Mohamed Simoka et Yassine Abdelkader. Dean Mountaki, Imane Kendili (également productrice) et Alia Bencheikh complètent la liste.

Initialement prévu à Dakhla, le tournage s’est finalement déroulé, contraintes budgétaires obligent, entre Guelmim et Es-Semara, en plein été, dans des conditions extrêmes. «Nous avons travaillé au milieu des serpents et des scorpions. Nous voulions que tout soit aussi réel que possible. Les acteurs ont même marché pieds nus dans le sable brûlant, afin de rendre leurs performances plus authentiques», raconte le réalisateur.

Produit par Abdelhak Najib et Imane Kendili, le film a coûté le budget plutôt modeste de 1,7 million de dirhams. «Nous avons bénéficié des décors naturels et le ministère de la Culture a gratuitement mis à notre disposition un espace pour le tournage», ajoute Abdelhak Najib.

Après une année de préparation et un mois de tournage, «Les évadés de Tindouf» est actuellement en phase de montage. La première doit avoir lieu le 6 novembre, à Casablanca, suivie d’une projection à Rabat le 18 novembre. «Nous avons choisi ces deux dates symboliques, correspondant à l’anniversaire de la Marche verte et la fête de l’Indépendance», argumente le réalisateur, qui annonce déjà le projet d’un deuxième volet, prévu pour 2025.

Interrogé sur le passage du statut de critique à celui d’auteur, Abdelhak Najib admet le caractère périlleux de l’exercice. «J’ai tenté d’être perfectionniste avec ce film, afin de ne pas reproduire ce que j’ai pu reprocher à d’autres œuvres cinématographiques», lance-t-il, avouant avoir confectionné «une liste des 50 erreurs à ne pas commettre».

Par Ryme Bousfiha
Le 16/10/2024 à 18h57