Les restrictions de visas Schengen délivrés par les consulats français au Maroc contribuent à la détérioration actuelle des relations France-Maroc. Qu'en pensez-vous?
Il y a une longue histoire commune, croisée, d’affrontements, de réconciliations, de tensions entre le Maroc et la France... Ce qu’il faut se dire par ailleurs, c’est que l’amitié entre les peuples, le dialogue entre les cultures, la circulation des hommes, tout cela, c’est notre monde, notre univers, notre temps.
Les comportements qui consistent à se crisper pour empêcher la circulation sont des comportements vains. Ils n’empêchent pas la circulation, car les gens bougent quand même.
Les responsables politiques de part et d’autre doivent entretenir des relations de respect, de compréhension mutuelle et veiller au fait que les citoyens et les citoyennes de part et d’autre soient bien, qu’il y ait une fraternité entre les peuples, qu’on puisse se voir, qu’on puisse circuler et aller les uns chez les autres.
Maintenant, il y a aussi la manière avec laquelle les gouvernements mettent en place des régulations s’il y a lieu, car il y a des situations où on doit s’interroger pour choisir s'il faut faciliter, ou non, la circulation [des personnes]. Mais il doit y avoir de vraies raisons. Si on a par exemple des doutes à propos d’un pays en particulier, sur une certaine forme de criminalité de droit commun, comme le trafic d’armes, le trafic de drogues, etc., on peut en parler mais on ne fait pas payer cela aux citoyens et aux citoyennes.
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Vous participez au festival Littératures Itinérantes, à Fès. Quelle importance revêt pour vous cet évènement?Tous les évènements littéraires m’interpellent à chaque fois. Mais en particulier cet évènement, réalisé par Nadia Essalmi. En organisant ce festival, Littératures itinérantes, elle veut dire qu’elle accepte l’idée que la littérature circule, qu’elle se déplace jusqu’aux personnes. Je trouve cela absolument fabuleux.
Pourquoi les politiciens ont-ils si peur de la culture?La culture au sens large, c’est-à-dire les arts, les lettres, et même les sciences... Tout cela est très émancipateur. Cela libère l’esprit, donne confiance en soi et permet de comprendre les décisions politiques. C’est ce qui fait le plus peur au monde politique, un peuple cultivé, curieux, c’est un peuple qu’on ne manipule pas, qu’on ne bride pas facilement.
Dans tous les pays du monde, en général, les pouvoirs politiques se tiennent plutôt à distance des écrivains, des littéraires, des artistes et de tous ceux qui font de penser librement et s’exprimer librement leur métier.
Mais il y a des tas de responsables politiques qui sont la preuve que lorsqu'au contraire, on reste très lié au monde de la culture, au monde artistique et littéraire, on élargit soi-même son regard, on est plus sensible aux nuances, aux subtilités, et on est plus performant dans son action politique.
Dans les gouvernements français par exemple, à travers le temps, on a vu qu’il y avait des hommes et des femmes de lettres, dont l’un des plus connus est Georges Pompidou, qui s’intéressait à la poésie, et il y a aussi eu André Malraux, à la fois ministre de la Culture et écrivain.
Il n’y a donc pas d’antagonisme entre le fait d’être très passionné par la littérature et le fait de se lancer dans l’action politique. Bien au contraire.