Un projet archéologique hispano-marocain qui fouille depuis 17 ans dans le nord du Maroc confirme ce week-end cette théorie du «Sahara vert» et souligne que les premiers humains se sont développés plus rapidement qu’on ne le pensait auparavant.
Dans les terres désormais arides de la région de Jerada, à l’extrême nord-est du Royaume, depuis 2006 une équipe de l’Institut catalan de paléoécologie humaine et d’évolution sociale (IPHES) et une autre de l’Université Mohamed V d’Oujda ont fouillé des dizaines de sites avec des restes d’animaux, allant de 2,5 millions à 10.000 ans.
Les découvertes confirment que dans cette zone aujourd’hui bordée par le Sahara, aride et ex-minière, existait une savane verte cyclique parcourue par l’hipparion, ancêtre du cheval à trois sabots; le dinofelis, une espèce de tigre à dents de sabre, ou un macaque ancêtre du macaque de Barbarie (Macaca sylvanus), également appelé magot ou macaque berbère, qui remonte à 2,5 millions d’années.
Lire aussi : El Jadida: découverte d’une inscription en tifinagh de l’ère préislamique, les recherches se poursuivent
Pour l’archéologue spécialiste de l’évolution humaine et directeur de l’IPHES, Robert Sala, qui dirige le projet, ce qui a été trouvé au Maroc confirme que «cycliquement le Sahara disparaît comme un désert et il y a des connexions à travers le continent», ce qui a permis «aux humains de se répandre très rapidement» et, en fait, «plus vite qu’on ne le pensait» a t-il déclaré ce samedi 3 juin à Rabat à l’agence de presse espagnole EFE.
Des outils d’il y a 1,5 million d’années
Aucun reste humain n’a encore été retrouvé dans les différents sites de Jerada, mais des preuves de présence humaine ont été découvertes: des outils en pierre mais aussi des traces laissées par ces outils sur des ossements d’animaux.
Lire aussi : Archéologie: les objets découverts par les chercheurs de l’INSAP lors de fouilles vont rejoindre les musées nationaux
Certaines de ces découvertes datent d’il y a 500.000 ans, mais d’autres sont encore en attente d’analyse et les chercheurs pensent qu’en raison de la morphologie des outils, ils pourraient dater de plus de 1,5 million d’années.
Le berceau engloberait aussi le Maroc
«Pour le moment, nous parlons encore du berceau de l’humanité à l’est de l’Afrique et au Tchad», a dit Robert Sala, bien qu’il ait ajouté «qu’il sera très difficile de savoir où est le début. Pour le moment, la plus ancienne ville est en Afrique de l’Est, mais nous sommes convaincus qu’avec un peu de temps et de travail nous pourrons montrer qu’ici, au Maroc, les vestiges humains et civilisationnels sont aussi anciens que là-bas».
La théorie la plus répandue est que les humains sont apparus en Afrique de l’Est et se sont propagés à partir de là vers le nord à travers le Sahara d’une part, et vers le nord à travers la vallée du Nil d’autre part. Ces derniers groupes d’humains sont ceux qui ont atteint l’Asie et l’Europe.