Archéologie. Ce qu’il faut savoir sur la deuxième tour de guet romaine découverte à Volubilis

Le site archéologique où a été découverte la deuxième tour de guet romaine près du col de Zeggota, au nord de la ville ancienne de Volubilis.

Située près du col de Zeggota, au nord de la ville ancienne de Volubilis, une tour de guet romaine, enfouie depuis des siècles sous les vents de l’histoire, vient d’être redécouverte, révélant des secrets millénaires sur la stratégie défensive des Romains en Maurétanie tingitane. Les détails.

Le 08/06/2024 à 13h00

Entre les contreforts verdoyants et les vestiges antiques de Volubilis, des chercheurs maroco-polonais ont récemment découvert une tour de guet romaine, révélant des secrets longtemps enfouis sur la présence romaine près du col de Zeggota.

Et ce sont des chercheurs de l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine (INSAP) et du Centre d’archéologie méditerranéenne de l’Université de Varsovie qui ont minutieusement excavé ce site, dans le cadre du projet «Tingitana Frontier». Entre le 18 avril et le 3 mai 2024, ils ont mis au jour des preuves matérielles d’un réseau de défense romain.

«Cette découverte s’inscrit dans le cadre de recherches plus larges visant à lever le voile sur le dispositif militaire de cette région, lequel permettait de contrôler les voies et les mouvements des tribus et des populations insoumises à l’autorité impériale», nous explique Fadwa Benjaâfar, co-directrice du projet.

Elle ajoute: «Nous avons découvert, outre un monument identifié comme une tour de guet militaire, des éléments d’équipement de soldats, notamment des pointes de lances, des fragments d’armement, ainsi que de la céramique et des amphores de l’époque romaine. Je tiens à signaler que cette mission est la deuxième sur le même site et qu’il s’agit de la deuxième tour de guet fouillée, jusqu’à présent, au Maroc. La première était sur le site d’El Mellali, également à Volubilis.»

Cette structure n’était pas un poste isolé. Elle faisait partie d’un vaste système défensif incluant trois autres camps militaires: Aïn Schkour, Tocolosida et Sidi Moussa, tous interconnectés par une série de tours de guet. «Ce réseau complexe est actuellement étudié sous tous ses angles: tactiques, stratégiques et architecturaux», confie Benjaâfar, soulignant l’importance de ces forts dans la surveillance et le contrôle des mouvements stratégiques de l’époque.

L’impact de cette découverte s’étend au-delà des aspects militaires. «Nous sommes en train de créer une typologie architecturale de ces constructions, une première dans la région», révèle Fadwa Benjaâfar. La découverte de deux tours aux plans distincts ouvre de nouvelles perspectives sur l’architecture militaire romaine, offrant des aperçus précieux sur les méthodes de fortification et d’observation de l’empire.

Les résultats de ces fouilles «inédites» seront incessamment publiés dans des revues scientifiques avant la prochaine phase du projet au printemps suivant, avec des plans d’exposer les découvertes dans le centre d’interprétation de Volubilis ou dans l’un des musées archéologiques nationaux, conclut notre interlocutrice.

Par Hajar Kharroubi
Le 08/06/2024 à 13h00