À cheval sur la tradition, les cavaliers de la tbourida brillent au Moussem Moulay Abdellah Amghar

Une charge de tbourida, exécutée par des cavaliers au Moussem Moulay Abdellah Amghar. (K. Essalak / Le360)

Le 11/08/2024 à 14h18

VidéoÀ El Jadida, la fantasia n’est pas un spectacle qui se regarde, mais une passion qui se vit et se ressent. Chaque mois d’août, le Moussem Moulay Abdellah Amghar rassemble des cavaliers de toutes les régions du Maroc pour célébrer avec éclat cet héritage ancestral. Reportage.

Le soleil brûlant d’août n’éteint pas l’ardeur des cavaliers qui, dès l’aube, se préparent pour ce qui est l’un des événements les plus attendus de l’année dans la ville d’El Jadida: le Moussem Moulay Abdellah Amghar. Dès les premières heures de chaque matinée, la tension monte. Les chevaux, parés de leurs plus beaux atours, trépignent d’impatience. Tout comme leurs cavaliers, déjà affairés à ajuster leurs fusils.

Pour Fahd Youssef, tout jeune cavalier de 14 ans, c’est un jour pas comme les autres. «Depuis tout petit, je vois ma famille se préparer pour la fantasia. J’ai grandi en les admirant et en rêvant du jour où je pourrais enfin monter à leurs côtés», raconte-t-il.

Le cavalier «junior», la gorge nouée par l’excitation, sait qu’il porte sur ses épaules le poids d’une vieille tradition familiale. «Je veux vraiment offrir un bon spectacle cette année. Je sais que tous mes proches me regardent et que beaucoup de gens comptent sur moi pour faire honneur à ma famille et la représenter de la plus belle des manières», lance-t-il. «J’ai un peu le trac, mais en même temps, je suis extrêmement excité. Quand je serai sur la ligne de départ, avec tous les autres cavaliers, je sais que je vais sentir l’énergie de l’événement, et je ferai tout pour que ce moment soit inoubliable pour moi, ma famille et tous ceux qui viendront nous voir», poursuit-il, les yeux brillants.

À quelques pas de là, mais à l’autre bout du spectre de l’âge, Abdeslam Kantaoui, vétéran des champs de fantasia, ajuste son arme avec une assurance presque machinale. Mais si les gestes semblent mille fois répétés, la passion est restée intacte. «Quand je suis sur le dos de mon cheval, je me sens libre, en communion avec les autres cavaliers. Il n’y a rien de tel que de partager cette passion, de sentir cette énergie collective qui nous unit tous dans un même élan», confie-t-il. Et puis, il y a le public, «ces centaines de regards qui nous suivent, ces cris qui nous encouragent, qui nous poussent à donner le meilleur de nous-mêmes», poursuit-il.

Abdellah Demiani, autre cavalier, évoque pour sa part l’énergie unique du Moussem. «Le frisson de l’ouverture par le premier coup de fusil, le galop synchronisé, les acclamations. Tout cela crée une atmosphère électrisante que l’on ne peut trouver nulle part ailleurs», déclame-t-il avec des étincelles dans les yeux.

Cette année, le Moussem Moulay Abdellah Amghar, qui se tient jusqu’au 18 août, a encore une fois mis les petits sabots dans les grands. Au programme: près de 2.000 cavaliers, sur leurs chevaux aux crinières ornées et aux corps luisants sous le soleil, sont prêts à mener la charge. Pour la seule séquence de tbourida, comptez quelque 120 troupes qui se succéderont pour faire parler la poudre du plus poétique des langages. Le tout cerné par une multitude de tentes, dressées pour accueillir près de 4 millions de visiteurs attendus tout au long de cette édition.

Par Amine Lamkhaida et Khalil Essalak
Le 11/08/2024 à 14h18