Qu'est-ce que je me suis fait engueuler par ma femme ! Et pas qu'elle. La famille, la belle famille, les amis, les voisins, et même mon gardien, tous et toutes m'ont passé un savon, je ne vous dis pas! Pourquoi? Mais à cause de mon billet de la semaine dernière. Vous vous en rappelez? « Benky qui rit, Benky pleure... ». Et bien, justement, selon tout ce beau monde, j'avais encore une fois raté une occasion de me taire, c'est-à-dire, de ne rien à écrire. Pourtant, si vous relisez ce malheureux billet, vous allez voir que je n'avais rien dit de mal, en tout cas, rien qui pourrait heurter notre ex et désormais futur (présumé) Chef du Gouvernement.
Au fond, qu'est-ce que j'avais écrit ? Juste que j'avais toujours été très touché par les larmes qu'il avait versées à maintes occasions, et notamment tout dernièrement, et que c'est la preuve tangible et irréfutable que c'est quelqu'un qui possède une immense sensibilité et une âme d'une grande fragilité, et que rares sont les gens, surtout, qui sont dans le domaine politique, qui possèdent une telle émotivité et, surtout, qui n'hésitent pas à la montrer publiquement.
Bon, c'est vrai, je ne l'ai pas exprimé tout à fait avec ces mots, mais je vous assure que c'était cela mon intime intention. Toujours est-il, selon ma femme, mes amis et tout le reste de la compagnie, mon inconscience et ma précipitation vont finir par complètement m'anéantir. Déjà que, selon eux, je serais plutôt mal vu par ceux qui, de loin, surveillent ceux qui sont bien et ceux qui ne sont pas bien, afin que le jour venu, on les appelle - ou on ne les appelle pas - pour devenir – ou pas - des gens.... vraiment bien. Mais j'ai beau leur expliquer que, personnellement, je n'ai jamais vraiment cherché à être bien vu, par contre je cherche toujours à bien voir. C'est d'ailleurs pour cela que je change constamment d'ophtalmos et donc constamment de lunettes.
Maintenant, pour être franc avec vous, je dois reconnaître que j'ai un peu gaffé. En fait, comme beaucoup d'entre vous, j'ai été grisé par l'euphorie des réseaux sociaux, et j'ai réellement cru, probablement comme beaucoup d'entre vous, que la gauche, et même l'extrême gauche, allait enfin l'emporter. Je me suis dit que c'est tellement facile aujourd'hui de faire gagner les élections au candidat de son choix, ou, dans mon cas, à la candidate de mon choix, puisqu'il suffit de mettre sa photo sur sa page Facebook, et dire que je vais voter pour lui, ou, dans mon cas, pour elle, et le tour est joué.
Moi je ne l'avais pas fait tout à fait comme ça, mais j'avais bien fait comprendre à qui voulait bien piger pour qui il fallait voter. Et même, contrairement à beaucoup qui n'étaient même pas inscrits sur les listes électorales, moi, non seulement j'étais inscrit, mais je suis même allé voter. Je vous le jure. Et c'était pour la première fois. Comme j'ai eu l'occasion de le dire et de l'écrire par ailleurs, je n'ai pas ressenti une émotion forte qui m'a fait grimper au 7e ciel, mais je n'en attendais pas autant.
Non, je ne regrette rien, mais je suis... comment dire... un peu déçu. Parce que j'y ai vraiment cru. J'ai pensé que, peut-être, tous les pronostics qui donnaient la victoire, encore une fois, aux anciens victorieux, allaient s'avérer faux et que ce sont les camarades d'hier et de toujours qui allaient, enfin, l'emporter. J'AVAIS TOUT FAUX. En fait, je n'attendais rien et je n'attends toujours rien de personne et, encore moins, de mes anciens camarades et toujours ami(e)s. D'ailleurs certains d'entre eux et certaines d'entre elles sont déjà arrivés à des postes plus ou moins hauts et plus ou moins... rentables, mais personne n'a jamais bougé le petit doigt pour moi ni juste... parlé de moi... à qui de droit. En vérité, ma femme, mes amis et compagnie, ont bien raison de me tirer les oreilles : j'aurais dû me taire ou même m'abstenir d'écrire au moins jusqu'à la proclamation des résultats.
J'espère que maintenant ce n'est pas trop tard. En tout cas, du haut de cette tribune, comme disent tous les élu(e)s, mal ou bien élu(e)s, je tiens à féliciter le plus sincèrement et le plus chaleureusement Notre Ex et en même temps Nouveau Chef du Gouvernement, ainsi que tous ses frères et toutes ses soeurs du parti, en lui souhaitant de trouver rapidement les bons partenaires pour former la meilleure équipe qu'il faut avec les meilleures gens qu'il faut.
Vous savez, lui et moi, on ne se voit pas beaucoup, mais il me connait bien et il sait, que malgré mes délires, je ne suis pas très méchant et que, dans tous les cas, je l'aime beaucoup. Oh non, je ne vais rien lui demander, mais je voudrais juste que le moment venu, un jour, qui sait, peut-être, si l'occasion se présente et qu'il voit que, pour tel ou tel poste, telle ou telle fonction, telle ou telle mission, je pourrais bien faire l'affaire, alors, qu'il ne m'oublie pas. Et moi, je lui promets, je ne vais pas l'oublier. Sauf, si lui, il m'oublie... Et là, je ne vous dis pas : je sais rire et faire rire, mais je sais, moi aussi, pleurer et faire pleurer. Mais j'espère que nous n'allons pas en arriver là. Dans tous les cas, ça ne tient qu'à lui.
Maintenant, je n'ai plus qu'à dire vivement qu'on pense à moi et vivement mardi prochain.