L’heure est au remaniement du gouvernement. D’ici quelques jours, le suspense touchera à sa fin et nous connaîtrons enfin les nouveaux ministres qui remplaceront les sortants.
En attendant les prochaines élections, les attentes sont nombreuses tant le gouvernement actuel a péché par manque de compétences et de sérieux à de nombreux égards.
Parmi cette multitude de souhaits qui restent à exaucer, de pas qui restent à franchir, la représentativité des femmes au gouvernement.
Car depuis l’avènement des islamistes au gouvernement, jamais les femmes n’auront été aussi peu et aussi mal représentées. En effet, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis le gouvernement Abbas El Fassi, lequel, en 2007, comptait pas moins de huit ministres femmes. Pas des secrétaires d’Etat. Non: des ministres!
Il y a 12 ans de cela, on considérait alors qu’était révolu le temps d’un microsome politique marocain réservé aux hommes. Quelle erreur... Et quelle ne fut pas notre déception lorsqu’en 2012, Abdelilah Benkirane et ses pairs, firent tout bonnement disparaître les femmes de l’échiquier! A l’exception d’une seule, qui résiste encore et toujours malgré la médiocrité de son département, Bassima Hakkaoui.
Incarnation de l’idéologie de tout un parti et de sa conception des femmes, on lui attribua alors un poste sur mesure pour une femme, une «triya» (un lustre) comme nous a si poétiquement qualifié l’ancien chef du gouvernement: ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social. Ben voyons! Dans quel autre secteur pourrait donc se rendre utile une femme? Justice, économie, industrie, commerce, emploi… Des sujets hautement stratégiques, aux enjeux importants et donc, par définition, masculins.
A la question «où sont les femmes?», on nous rétorqua alors que cette absence était due au manque de compétences féminines.
Puis en 2013, lors du 1er remaniement du gouvernement Benkirane, les femmes apparurent comme par magie, devenues compétentes en l’espace de quelques mois, faut-il croire.
Pour nous consoler, on attribua un nouveau ministère à une femme: l’artisanat. (Rires jaunes.)
Les quatre autres furent quant à elles reléguées au rang de ministres déléguées évoluant dans l’ombre de ces messieurs aux ministères de l’Enseignement, de l’Energie ou encore des Affaires étrangères.
Aujourd’hui, l’heure étant au changement, elle est aussi au rêve.
Celui d’un Maroc qui brillera tant par ses hommes éclairés que par ses femmes. Un Maroc qui saura être dignement représenté à l’intérieur de nos frontières et en dehors par de brillantes personnalités aux compétences reconnues de tous et parmi elles, des femmes.
Il est grand temps de nous extirper de ce bourbier mental qui nous entraîne irrémédiablement vers le bas en tentant de nous faire croire que mieux vaut un homme incompétent au pouvoir qu’une femme compétente.
Et pour mieux appréhender l’avenir, tournons-nous de temps en temps vers le passé, afin de ne pas oublier toutes ces femmes qui ont marqué d’une pierre blanche l’histoire du Maroc et qui ont contribué à en faire une grande nation.
Car persister dans ce déni de la femme, de son existence, de son intelligence et de la place qu’elle occupe dans le monde est la meilleure des façons de nous renier nous-même.