Au-delà de l’aspect sportif, le football est devenu un vecteur symbolique ayant une dimension politique importante. Que le peuple algérien manifeste avec bruit et fureur sa joie est chose tout à fait normale. En plus c’est tout le Maghreb qui a suivi avec la même passion, la même ferveur, la finale Algérie-Sénégal. Des Marocains, des Tunisiens se sont joints aux Algériens pour fêter cette victoire. C’est dire combien existe le sentiment de l’unité maghrébine. Il suffirait de peu pour que cette joie commune devienne une réalité politique.
Le foot est un révélateur, un miroir, une idée de ce que nous sommes et de ce que nous pourrions être. Il est aussi un exutoire, une planche de salut qui arrive à temps pour nous faire du bien. Il s’agit d’un jeu. Il n’y a pas de quoi s’inquiéter même si le match a été tendu, parfois violent, souvent dur. Il faut rendre hommage à la qualité de l’équipe sénégalaise qui a résisté et qui s’est montrée à la hauteur.
Le peuple algérien qui, depuis plusieurs mois, n’a pas cessé de montrer au monde sa détermination de sauver l’Algérie, qui a manifesté dans le calme et la dignité, a su trouver les slogans justes et les attitudes les plus raisonnables pour signifier à une bande de militaires affairistes qu’il était temps d’arrêter de se servir et d’écouter la clameur populaire.
Ce peuple est aujourd’hui heureux. Il est fier de son équipe. Il est content de découvrir que tout n’est pas pourri, que l’Algérie est capable de se relever et d’accepter la voie de la démocratie réelle, concrète, lente mais sûre. On verra prochainement ce que ce choix apportera à ce pays qui a tout pour réussir et rendre heureux son peuple.
Il est certain que les richesses naturelles peuvent être un handicap. Là, quand on écoute les manifestants, quand on voit comment la transition est en train d’évoluer vers une solution démocratique, on a l’espoir de voir ces richesses servir avant tout à ce peuple ayant une jeunesse disponible, une volonté de modernité, un désir d’union avec les autres pays du grand Maghreb.
Il faut faire confiance au peuple. Il connaît mieux que quiconque où se trouvent ses intérêts. Une fois la situation stabilisée en Algérie, pourquoi ne pas organiser un référendum dans les cinq pays maghrébins sur la question de l’union. «Voulez-vous une union du Maghreb économique et culturelle?» On pourra discuter de la formulation de la question.
Si la réponse est positive, les responsables politiques des cinq pays travailleront pour créer une union solide, concrète, viable, correspondante aux aspirations des peuples, une union sérieuse, avec des ambitions modestes mais réalisables. Cela n’aurait rien à voir avec l’UMA, créée le 17 février 1989, sans réelle préparation ni prise en considération des facteurs importants de division.
Le Maghreb a besoin de cette union. Il a besoin de se constituer en entité solide face à l’Europe, face aux défis de la mondialisation, face aux menaces climatiques. La raison réclame cette union. Nos différences sont minces et peuvent tout à fait trouver leur place dans une union bien faite, rationnelle et volontaire.
La joie exprimée avec ferveur par des centaines de milliers de Maghrébins après la victoire de l’équipe algérienne est une preuve, certes par la passion du football, que cette union est possible.