L’OCDE, (Organisation de coopération et de développement économique) classe tous les trois ans les pays selon leur niveau d’éducation. L’enquête consiste à tester les compétences des élèves de 15 ans dans le domaine de la lecture, des mathématiques et des sciences. Ce programme s’appelle PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves). Tous les trois ans, l’enseignement est passé au crible dans 79 pays.
Cette année, la France a été choquée d’apprendre qu’elle était au vingt-deuxième rang, ce qui fait d’elle un pays moyen. Arrivent en tête les pays asiatique: Chine, Singapour, Hong Kong et Macao. Ceci n’est pas étonnant. Souvent sous-estimés, voire méprisés, certains pays asiatiques ont mis les bouchées doubles dans le domaine de l’éducation. Un exemple qui laisse pantois: la Chine a décidé de mettre à l’apprentissage du piano un million d’enfants de six-sept ans. La leçon de piano est la matière majoritaire. Ainsi, la Chine mise sur l’émergence au bout d’une dizaine d’années d’une petite poignée de virtuoses, disons une centaine sur un million. C’est possible, vu le système chinois où l’individu n’a pas son mot à dire.
Revenons à l’enquête de l’OCDE:
La moyenne de l’OCDE est 487 points pour la lecture, 489 pour les mathématiques et 489 pour les sciences. La France obtient les points suivants : 493, 495, 493.
Le Maroc arrive loin derrière cette moyenne : 359, 368, 377.
Il n’y a pas de quoi s’étonner ou s’offusquer. Depuis longtemps, l’éducation est en crise et ne cesse de se dégrader, résultat d’une politique démagogique laissée entre les mains de partis politiques anti-modernité.
En même temps, paraît chez nous le rapport du CESE, daté du 5 décembre 2019. Il est encore plus parlant et plus inquiétant:
Le Marocain consacre en moyenne 57 minutes de lecture par an!
97% des enfants âgés entre 7 et 14 ans ne lisent pas!
L’année écoulée, 50 librairies ont fermé.
Le pays dispose de 609 bibliothèques publiques (cela fait une bibliothèque pour environ 58.000 habitants).
Si le Maroc est arrivé à ce niveau qui nous fait honte, ce n’est pas à cause des moyens. Le budget de l’éducation nationale est énorme. Alors d’où vient cette décadence? Pourquoi le Marocain lit si peu? Que ce soit en arabe ou en langues étrangères, la lecture est le parent très pauvre de la culture au Maroc.
Ce n’est pas la première fois qu’une sonnette d’alarme est lancée dans les médias. Un pays où le niveau de l’éducation est très bas, de mauvaise qualité et sans rendement, est un pays sinistré.
Tout vient de l’école.
Une polémique a occupé les médias marocains l’autre jour parce qu’un homme politique a fait remarquer que «les Marocains ne sont pas éduqués». Certes, il ne faut pas généraliser, il faut nuancer, mais le résultat est le même. Les valeurs traditionnelles de respect, d’ordre et de convivialité sont de moins en moins suivies. A la place, l’égoïsme, l’ignorance arrogante, l’attrait fou pour l’argent et la violence sont de mise.
Le ministère du Tourisme devrait faire remplir un questionnaire aux étrangers à leur départ du Maroc. Ce serait intéressant de lire les réponses. Ce que beaucoup d’entre nous savent c’est que le taux de retour est très bas. Signe que la déception existe.
Si nos comportements choquent parfois, c’est parce que notre éducation a été bancale, incomplète, non rigoureuse, non exigeante.
Entre nous, nous manquons de civisme. Pourtant nos anciens étaient porteurs de belles valeurs et les appliquaient avec minutie. Ils n’étaient pas connectés au monde entier, mais savaient vivre et mettaient l’humain au-dessus de tout le reste.
Pourquoi en sommes-nous arrivés à ce niveau où la violence a remplacé la justice, la corruption a pourri les relations humaines, où le respect a disparu laissant place à une arrogance qui n’a d’égale que notre ignorance?
Quand le niveau de la culture baisse, suit celui de l’économie. S’il y a quelque chose à faire, c’est de miser sur la culture et la répandre partout. C’est la poésie, c’est la musique, c’est la beauté qui sauveront le Maroc.