Le 45e président des Etats-Unis est dans son rôle. Il piétine allègrement le droit et les résolutions des Nations Unies. Il n’a que mépris pour le reste du monde. Cela fait longtemps qu’il a introduit en politique le principe de la brutalité mâtinée de vulgarité pour imposer ses choix. De cet individu, on ne peut pas attendre autre chose. Après avoir imposé Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu, il vient de déclarer tout à fait légale l’occupation des territoires palestiniens par Israël, là où cet Etat a construit des milliers de maisons pour ses colons, au mépris de la loi et du droit. La politique du fait accompli vient de commettre un nouveau crime: rendre le vol légal et condamner un peuple à l’errance et à la survie dans des conditions inhumaines.
Le peuple palestinien n’a qu’à crever! Personne ne viendra à son secours, personne ne le sauvera d’une mort certaine. Cela fait longtemps que son sort a été scellé. Une terre pour deux peuples. Il fallait choisir. Sacrifier un peuple est aussi dans l’ordre des choses dans un monde où ceux qui ont souffert peuvent tout à fait fermer les yeux face à l’injustice qui s’abat sur l’autre peuple. La souffrance et l’injustice n’ont rien à voir avec la morale. La force passe avant le droit, avant la loi.
Mais si les Palestiniens sont aujourd’hui abandonnés et oubliés, c’est aussi à cause de leurs propres déchirures, leurs inconséquences et des politiques hasardeuses. Ils ont eu la faiblesse de croire que les Etats arabes allaient les soutenir et les aider (matériellement) à reconquérir leurs territoires occupés depuis 1967. Ils ont cru aux discours et aux agitations de certains leaders arabes plus préoccupés par leur maintien au pouvoir que par la survie du peuple palestinien. Crever! Tel est le destin d’une jeunesse née dans des camps et embrigadée ensuite dans les rangs d’un parti islamiste qui se fait manipuler par ceux qui le financent. Evidemment, le Hamas est perçu comme une menace terroriste que l’Etat d’Israël punit à chaque fois qu’il agit soit en lançant des roquettes sur le sud israélien, soit en osant des actes de résistance qui se terminent souvent par des morts palestiniennes.
Quant à l’Autorité palestinienne, elle est installée à Ramallah. On lui a fait croire qu’il y aura des négociations, qu’elle aura même un Etat, dans des frontières sûres, à côté de l’Etat d’Israël. Elle collabore avec cet Etat pour des questions de sécurité et son chef est souvent humilié.
Les Nations Unies et quelques Etats européens ont protesté contre la décision américaine de rendre légale ce qui a été illégal, de faire de l’occupation d’un territoire, une légitimité qui condamne les Palestiniens à l’abandon de leurs droits historiques. Mais ces discours n’ont aucun effet. La morale, le droit, la légalité internationale, tout cela a été bafoué avec force et arrogance d’abord par des gouvernements israéliens et ensuite par le 45e président des Etats-Unis. Et le monde se tait, et même trouve cela normal.
Qui se préoccupe aujourd’hui du sort des Palestiniens? Qui parle d’eux? Qui rappelle au monde leur existence dans des camps de réfugiés pour une partie et dans un territoire, étroit et compliqué, pour une autre partie?
Les Palestiniens? C’est une affaire entendue. Ils vont crever. On le sait. Et alors? Que faire? Reprendre le terrorisme? Pleurer sur son sort? Se tourner vers ceux qui les ont trahis? Déclencher une guerre sachant qu’elle sera perdue de toutes les façons?
Reste les peuples arabes. En ce moment, ils sont pas mal occupés à revendiquer de vivre dans la dignité et dans la liberté. Ils ont oublié les Palestiniens parce que tout a été fait pour que le monde les oublie. Et c’est réussi.