Trois cas sont à mettre en évidence. Le premier concerne ceux des actuels conflits inscrits dans la durée et qui vont se prolonger sous une forme ou une autre. Le second se rapporte aux conflits "en dormition" qui peuvent se réveiller à tout moment. Quant au troisième, il est lié aux formes de conflictualité résultant d'évolutions nouvelles dont nous pouvons dès aujourd'hui clairement identifier les prémices.
1- Les conflits inscrits dans la duréeParmi les conflits de ce type, aucun ne semble en voie de résolution à courte échéance. Qu'il s'agisse de l'irrédentisme touareg, de la dislocation libyenne, de l'arc de rupture sahélo-saharien, de l'archipel de crise de l'Afrique centrale, de la question du Kivu, de celle du Soudan du Sud, de celle du Tigré ou encore de la Somalie, tous vont continuer à être au cœur de l'actualité dans les prochaines années. Certains vont connaître des formes nouvelles, d'autres vont peut-être coaguler, mais tous vont demeurer tant que leurs causes n'auront pas été réglées.
2- Les conflits en "dormition"Aux conflits inscrits dans la durée peuvent à tout moment s'ajouter des affrontements ethniques dont l'éclatement se fera à l'occasion de crises politiques étatiques ou économico-sociales.
Il est ainsi possible de mettre en évidence les tensions liées à l'ethnocratie guinéenne, à la rupture de la tectonique ethnique ouest-africaine, aux menaces d'éclatement de la RDC, ou encore aux incertitudes liées à la solidité de la mosaïque ethnique éthiopienne.
Le cas de l'Afrique du Sud devra être suivi avec attention car la nation "arc-en-ciel" apparaît au contraire comme une "nation-grenade", du moins s'il n'est pas mis un terme au naufrage économique qui pourrait déboucher sur un chaos social, donc racial.
Au nord du continent, la contagion déstabilisatrice libyenne s'exercera encore durant plusieurs années. Quant à l'Algérie, la crise latente qui la mine conditionne ses prises de position maximalistes avec toutes les conséquences régionales qui en découlent.
3- Les nouveaux facteurs crisogènesDe nouvelles conflictualités vont également apparaître. Certaines sont déjà identifiées. Liées à la compétition pour les ressources alimentaires et en eau, elles découlent d'une démographie démentielle conduisant directement à des guerres.
D'ores et déjà la question se pose de savoir si un conflit pour le Nil est susceptible d'éclater dans la mesure où l'Egypte va se trouver étranglée par les barrages éthiopiens en cours de construction ou en projet.
Les conflits futurs éclateront également à propos des ressources pétrolières. Le pétrole du lac Albert, et plus généralement celui du bassin pétrolier du rift va donner naissance à des tensions interétatiques comme c'est le cas actuellement entre l'Ouganda et la RDC. Ces tensions déboucheront-elles sur des conflits régionaux? Pour ce qui est de l'offshore, un contentieux oppose déjà le Ghana à la Côte d'Ivoire et le Gabon à la Guinée Equatoriale. Quant au triangle du Canal de Mozambique, il va devenir une zone hautement convoitée en raison de ses immenses réserves en hydrocarbures. Là encore, les immanquables rivalités concernant la délimitation des eaux territoriales seront donc porteuses de bien d'orages.