Le congrès de la Soummam, qui fut réuni en Kabylie à l’initiative du Kabyle Ramdane Abane à partir du 20 août 1956, rassembla les responsables de quatre des cinq willaya de l’intérieur dans le but d’établir une coordination dans le combat pour l’indépendance. Celle de l’Aurès Nemencha ne fut pas représentée car elle se débattait alors dans des querelles internes après la mort de Mostefa Ben Boulaid. Les représentants du FLN extérieur ne participèrent pas à la réunion.
Lors de ce congrès, quatre grandes décisions furent prises :«primauté du politique sur le militaire»,«primauté de l’intérieur sur l’extérieur»,refus de tout projet théocratique islamiste,refus d’alignement sur tel ou tel pays étranger car le mouvement «n’est inféodé ni au Caire, ni à Londres, ni à Moscou, ni à Washington».
La tenue de ce congrès déclencha une guerre fratricide au sein du FLN car les «extérieurs» y virent une tentative de prise du pouvoir par les Kabyles. Le congrès fut contesté par certains cadres des wilaya I et V ainsi que par la majorité des membres de la Délégation extérieure, à l’exception du Kabyle Hocine Aït Ahmed. Le plus virulent fut Ahmed Ben Bella qui était alors au Caire et qui fit cinq grands reproches à ce congrès:
il n’était pas représentatif en raison de l’absence de délégués de l’Oranie, des Aurès-Nemecha et de la Délégation extérieure.Il était en totale opposition à la décision du congrès d’affirmer la primauté du politique sur le militaire et de l’intérieur sur l’extérieur.Il dénonça et mit en accusation Abane Ramdane et son équipe qu’il accusa de n’avoir aucune légitimité puisqu’ils n’étaient pas parmi ceux qui avaient déclenché la guerre contre la France au mois de novembre 1954.Il refusa le laïcisme affiché par les congressistes, et tout au contraire, il affirma le caractère islamique des institutions futures de l’Algérie indépendante.Il avait la claire volonté d’alignement du mouvement nationaliste algérien sur le modèle égyptien.
Un an plus tard, au mois d’août 1957, le congrès de la Soummam fut totalement remis en question à l’occasion d’une réunion du CNRA (Conseil national de la révolution algérienne) où furent abandonnés la primauté du politique et de l’intérieur. Puis, au mois de décembre 1957, Ramdane Abane fut assassiné au Maroc.