Comme probablement beaucoup parmi vous, j’ai été stupéfait en découvrant les actualités du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Pourquoi stupéfait? Parce que je croyais fermement que plus aucun conflit armé ne pouvait survenir à l’intérieur du territoire européen.
Ils n’allaient quand même pas le faire, pas eux. Eh bien si!
Certes, me diriez-vous, mais l’Ukraine et la Russie surtout, ce n’est pas tout à fait l’Europe. Et ce n’est pas «l’Occident» (un concept et un mot que je déteste et fuis comme la peste), mais autre chose. Mais quand même!
Alors, quand Poutine est passé à l’acte, je me suis littéralement jeté sur les fils d’informations. J’ai lu ce que j’ai pu, c’est-à-dire à peu près tout. Vite fatigué, et surtout pressé d’être plongé au cœur de l’événement, j’ai zappé et zappé. Je cherchais des images, du live, du direct.
A la limite, je ne voulais plus comprendre mais regarder, voir. Une voix intérieure, que je ne pouvais pas réprimer, me disait: laissez-moi comprendre tout seul, laissez-moi décider avec mon propre jus de crâne et mes raccourcis habituels, mais, plus tard, beaucoup plus tard, après avoir fait le tour du «spectacle», car la guerre et la mort sont devenues un spectacle à l’ère du 2.0. C’est choquant et c’est triste, et il ne sert à rien de se lamenter.
On est calé dans son salon cossu, en face d’un écran (j’adore ceux qui disent ne jamais regarder la télé, mais sont accros à leur écran de téléphone et/ou d’ordinateur!). On caresse son chien ou son chat, on se sert un verre de quelque chose, et on appuie sur le bouton. C’est parti. Que le spectacle commence.
Emporté dans mon abrutissement, je me suis même surpris, quand les images de la guerre devenaient répétitives, à zapper vers un autre spectacle, celui du foot. Me voilà partagé entre les images de la Russie envahissant l’Ukraine, et celles du Barça étouffant Naples. La seule différence, c’est que le deuxième match dure 90 minutes, alors que le premier, personne ne sait quand il se termine.
C’est le genre de zapping honteux que l’on pratique en cachette, sans l’avouer à personne.
Zappe mon ami, zappe. Et ne le dis à personne!
Même au bistro du coin, le «public», fatigué du foot, réclame des images de la guerre à la mi-temps. Une fois rassasiés d’explosions et de tragédies humaines, ils veulent retourner au foot. D’un spectacle à l’autre, et d’un zapping à l’autre.
Ce mélange de voyeurisme et de consumérisme est bien sûr ridicule, monstrueusement ridicule. Mais le ridicule ne tue pas et il y a un moment où l’on se demande si les instigateurs de cette nouvelle guerre ne sont pas plus ridicules que ce beauf caricatural, comme moi, qui zappe entre le match du Barça et celui de la Russie tentant d’envahir l’Ukraine.
Bien à vous, mes amis. En espérant que cette sale guerre ne dure pas plus qu’un match de foot, c’est-à-dire 90 minutes, pas une de plus.